Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Liège, hélas
26 janvier 2013

Un moment de coquelicot

Lorsque j'étais petit, l'institutrice me "reprenait" toujours. Mais non, Joseph, on ne dit pas "cloclicot". Pourtant, je trouvais ça beau, la manière dont je prononçais le mot. À l'époque, i ly en avait des milliers au milieu des champs de blés. Le matin, j'allais les regarder s'ouvrir. Je savais que, le soir, ils seraient déjà morts. Mais j'étais impatient. J'aimais les ouvrir doucement. Tout doucement. J'aimais la soie de leur pétales cachés, les plis attendant de s'ouvrir. Il y avait des cloclicots, des hirondelles et des mésanges. Et puis aussi des pinsons, des bergeronnettes. Des chardonnerets et d'autres oiseaux aussi.

Evidemment,  à l'époque, mes petits doigts de quatre ans ne savaient rien, ne savaient pas que les filles, les femmes avaient autre chose que le chardon d'entre mes jambes. Sinon, j'leur aurais dit "laisse-moi voir ton conquelicot". 

C'est une fleur étrange, qui ne vit qu'un seul jour. Devant laquelle on a toujours des doigts de quatre ans. Que l'on soit dans un champ âgé de vingt ans, trente, cinquante ou cent ans. On s'en fiche...

On sait qu'à midi, la fleur sera rouge et morte au coucher du soleil. On sait qu'à cinquante ans, pour diverses raisons, on devient sourd. Et que plus personne n'entend l'autre murmurer "t'es un moment de coquelicot".

Car l'autre éclaterait de rire. Et refermerait son conquelicot...

Comme si, à cinquante ans, il n'était plus permis de rire de tendresse...

coquelicot-bouton

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Comme un p'tit coqu'licot, mon âme... Comme un p'tit coqu'licot.....<br /> <br /> www.youtube.com/watch?v=iEI3CQMzPoU
J
Comme tu le sais, cher Joseph, je me suis rendu une quinzaine de fois en pays Hunza (Nord-Pakistan). Ces gens portent sur la tête un genre de casquette sans visière, une assiette plate ou, pour être plus vulgaire, une sorte de flatte de vache beige. Faite de poils de yack, de mouton ou de chèvre, cette coiffe s'appelle le kapok, ce qui signifie "chapeau" en langage burushaski. Etrange aussi que les mots "capuche", "chapska"... viennent du latin "cappa" alors que le kapok, l'arbre dit "fromager" vient du malais "capuq". Mais je ne voudrait pas provoquer un malaise et je te tire mon képi. jclegros
M
Magnifique cloclicot...
Liège, hélas
Publicité
Liège, hélas
Visiteurs
Depuis la création 240 808
Newsletter
Derniers commentaires
Archives
Publicité