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Liège, hélas
13 décembre 2012

Trois heures du mat, j'ai pas d'frissons

Ça fait déjà la moitié d'une heure que je tourne comme un derviche dans ma salle à manger-bureau-dépotoir où je passe le plus sombre de mon temps. Je me suis éveillé vers trois heures ce qui m'aura quand même laissé autant d'heures de sommeil. Je ne quitte cette pièce que pour aller aux toilettes ou à la cuisine. Dix minutes pour les premières et à peu près autant de temps pour la seconde.Car si, jadis, j'adorais passer des heures devant le fourneau, j'en suis plutôt aujourd'hui à me contenter de raviolis ou de choucroute en conserves que je réchauffe quand même. Je ne vois pas pourquoi je perdrais mon temps à faire mijoter un navarin d'agneau, une potée au chou ou à jouer les Robuchon puisqu'il n'y a personne pour profiter des odeurs et des goûts. La boîte de raviolis froids, ce sera pour dans pas très longtemps.

Comme je n'ai rien d'autre à faire qu'à ne pas dormir, je pianote sur le clavier. Et ça me fait penser que, depuis toutes ces années de blog, je n'ai, je pense, jamais parlé de ma maison. Parce qu'il est impossible, sans doute, d'en décrire le désordre. C'est une maison qui a été construite en 1930, à l'heure où l'on ne parlait pas encore trop d'un caporal qui aurait voulu être Rubens. Où le charbon était tellement abondant et presque même gratuit qu'on pouvait se chauffer en laissant les fenêtres ouvertes. En hiver comme en été. 

Ça fait donc vingt-trois ans que j'habite au Château, comme je l'appelle ironiquement. Je n'ai jamais été un magicien du logis. Je le suis encore moins aujourd'hui que jamais. Je n'aime pas faire la vaisselle, surtout les fourchettes. Il n'y a pas d'eau chaude dans la cuisine. Je dois donc faire bouillir (enfin pas trop) une marmite d'eau avant de la transvaser dans un bassin qui tient toute la place dans le minuscule évier. Je déteste nettoyer le sol. Du reste, il y a tellement d'objets divers sur lui que c'est presque impossible. La lessive, je m'en fiche un peu car elle consiste juste à pousser sur le bouton de la machine. Mais après, il faut en retirer le linge, puis, surtout, le repasser. Ah ça, repasser, je préfère encore faire dix vaisselles...

En janvier 2003, quand une femme m'a appris qu'une femme enceinte devait vivre seule pendant sa grossesse et plus encore après, j'ai donc retrouvé le Château. Malgré le poing dans la gueule que j'avais pris, j'ai encore eu la force de donner un coup de neuf dans les pièces. J'ai voulu commencer par enlever le papier peint en blanc qui se décollait. Bonne idée. À chaque feuille enlevée, le platras venait avec lui, comme s'il ne voulait jamais s'en séparer. Ça devait être une semaine, ce furent deux mois de cauchemars. Le plâtrier venait ou ne venait pas. Faut dire qu'il aimait bien de boire en travaillant. Ce qui est normal, le plâtre, ça assèche la gorge. Il parlait un patois incompréhensible que même les Italiens ne comprenaient pas. Il parlait donc avec ses mains. J'étais allé acheté vingt-quatre cannettes d'un demi-litre de bière en ignorant que c'était là sa dose... quotidienne. Mais l'homme avait, comme on dit, en plus du plâtre, de l'or dans les mains. Il travaillait fort bien. Heureusement. Puis six amis sont venus m'aider pour les grosses peintures, je m'occupais des boiseries. J'ai terminé un beau midi de mai. Epuisé, je me suis mis à l'aise dans un fauteuil devant la fenêtre ouverte. Et j'ai ouvert une boîte de bière bien fraîche. Oui, je sais, ma médecine me l'interdit, mais, merde... Ma soeur m'a téléphoné pour savoir comment j'allais et ce que je faisais. Je lui ai répondu que j'était en train de regarder le cul da la petite-fille des voisins d'en face. Un fort beau cul, dis-je. La fille avait peut-être vingt ans. Je n'avais pas crié, mais le quartier est calme et elle m'a entendu. J'ai souri, elle a ri en secouant la tête et en levant les yeux. Du genre ah, ces hommes, tous les mêmes! Mais c'est vrai, elle avait un fort beau cul, même si je ne l'ai jamais vu que dans ses jeans moulants...

Il est cinq heures, Paris s'éveille et Marie ne m'éveille pas... Du reste, elle n'en a pas besoin...

Les insomnies ont celà de bien, c'est qu'elle éloignent les cauchemars.

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Commentaires
P
Avec l'age, les grandes marées de testostérone se raréfiant, le calme devient accessible, torchons, serpilières et fer à repasser reposent au placard...<br /> <br /> Le bonheur de glander devient enfin accessible, et gratos en plus !
M
Et le derviche dans sa circumambulation n'a fait ni vaisselle ni repassage ?<br /> <br /> <br /> <br /> Ah le service n'est plus ce qu'il était mon bon monsieur....
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