Hiver (2)

Avec l'automne et le printemps, l'hiver est la saison que je déteste le plus. En Belgique, l'hiver commence en moyenne fin septembre pour se terminer, quand tout va bien, fin avril. Alternant automnes hivernaux et hivers automnaux, il se prolonge parfois jusqu'après Pâques en attendant que la Trinité se passe et que Marlborough ne revienne pas. Contrairement à l'hiver qui revient toujours. Tout juste, parfois, une quinzaine de jours sans pluie entre juillet et août, moment que choisissent les journées pour raccourcir. Depuis quelques années, je remarque un changement d'attitude chez les gens. Sans doute ce changement provient-il d'un message subliminal distillé par les discours sinon sur le réchauffement de la planète, du moins sur le changement climatique. On a l'impression que les gens se disent, aussitôt la première neige tombée, qu'elle durera deux ou trois jours sans plus pour laisser le temps ensuite aux palmiers et aux ananas de pousser en attendant la première récolte de canne à sucre. Depuis quelques jours (au téléphone car je ne sors pas de chez moi), je n'entends que soupirs se demandant quand cet hiver beaucoup trop long va enfin cesser. Eh bien, au risque de décourager ces plaintes ou de souffler sur ces soupirs, soyons lucides, nous ne sommes pas encore à la moitié de l'hiver météorologique et, en général, février est le mois le plus froid de l'année, changement climatique ou pas. Patientons donc encore beaucoup en attendant les premières glaciales giboulées et attendons les premiers faux redoux afin d'observer l'esquisse de feuille morte qui se dessine dans chaque bourgeon.

Comments

[Joseph]

Voyons, voyons, Feuilly, si j'avais souligné la rareté, sinon l'absence, des deux derniers étés, certaines mauvaises langues n'auraient pas manqué de critiquer mon profond pessimisme.

[Feuilly]

"l'esquisse de feuille morte qui se dessine dans chaque bourgeon."

J'aime votre optimisme béat.

Pour rappel, les deux derniers mois d'août furent particulièrement pluvieux. Vous avez donc oublié de dire que le court été ne revenait pas chaque année.