Voyages au bout de l'ennui
Est-ce le souvenir de cette petite odyssée qui a fait que j'ai toujours détester voyager ? Je n'en sais rien. Vous allez me dire que je mens une fois encore. Que je suis allé vivre au Mexique. Que j'ai été six ou sept fois à New-York. Que j'ai même descendu l'Atlantique jusqu'au Cap. Tout cela fait que l'on me prend pour un grand voyageur. Ce qui me flatte tout autant que le petit millier d'amantes que l'on m'attribue. Mais, cela, c'était des voyages d'obligation. Pas des vacances. Pas des voyages d'agréement. Certes, il fut un temps où j'étais amoureux de Paris, mais ce n'est jamais que la banlieue de Luik. Donc, ça compte pas.
Je suis allé deux fois en Bretagne. Deux fois en Normandie. Une fois dans le Bordelais. Une fois à Lausanne et une autre à Nantes, mais c'était dans le cadre d'un "kolok" de poésie, c'est dire si c'est chiant. Donc, ça compte pas non plus. Deux fois à Bari, avec mon ami Daniel Fourneau, une fois dans les Pouilles, l'autre fois dans la Pouille, mais c'était dans le cadre d'une expo. Ça ne compte pas non plus. Et une autre fois aussi, à Marbella, mais c'était pour le boulot. Ça compte encore moins. Puis, c'est tout. Vous voyez bien, je suis autant Vasco de Gama que don Juan.
Encore que, si je fais le compte des voyages, la balance tombe plutôt du côté de Vasco.
Je ne me suis jamais rué, dès janvier, sur les catalogues d'agences de voyages. Qui forment peut-être la jeunesse, mais déforment aussi la vieillesse. Franchement, à quoi bon voyager ? Vous seriez même en face du plus merveilleux paysage du monde, le genre de site qui vous ferait dire à la personne qui vous accompagne que... que vous l'aimez... Vous sriez même au pied des pyramides, du Zambèze ou du Taj Mahal que, après très peu de temps, vous vous retrouverez en face de vous-même. Et que, de toute manière, il vous faudra rentrer chez vous. Alors, à quoi bon partir ? À moins d'être un éternel errant à vocation de bouteille à la mer ?
Mais je me contredis. Je suis en train de compulser le catalogue voyage de l'assistance publique de Liège. On y propose un aller simple jusqu'à Robermont. Pas en first class, mais c'est gratuit. Je vais réserver car les listes d'attente son longues, semble-t-il...Ah, zut, c'est samedi, ils ne travaillent pas. Je téléphonerai donc lundi...