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Liège, hélas
15 mai 2013

e.testament 1

Tout à l'heure, tandis que je commençais le tri sans fin en vue de mon prochain déménagement, je suis tombé sur un classeur dont j'avais oublié l'existence. Le genre de document devant lequel on cesse directement le tri. Dire que ça m'a foutu le blues serait un bel euphémisme. L'envie me prit soudainement d'allumer un grand feu, même s'il est interdit d'en faire ici à Luik sous peine de voir les keufs débarquer pour vous réclamer 150 euros pour attentat à l'environnement. Puis je me suis ravisé en me disant qu'après tout, ces babioles sans grande valeur, c'était aussi, et surtout, l'héritage de ma fille. Elle sait que je suis écrivain, mais, vu son âge, elle n'a jamais rien lu d'autre de moi que les lettres ou les cartes que j'ai pu lui écrire. Elle ne sait pas que j'ai, malheureusement, écrit un certain temps dans la presse. Que j'ai rencontré pas mal de gens dans ma vie. Anonymes ou célèbres. Elle ne sait pas que j'ai déjà reçu quelques (très) rares lettres d'amour. Que j'ai idiotement gardées comme un enfant qui construit son premier herbier en primaire. Elle croit d'ailleurs que j'ai toujours vécu seul et que, là, elle a raison, je terminerai ma vie seul. 

Encore hier, pour la taquiner, je lui ai parlé d'une amoureuse. Elle a levé ses yeux au ciel en se tapant la tempe de l'index et en me disant : "dis, papa, tu n'es pas encore fatigué de me raconter tes biesstrèyes" ?

Alors, je me suis dit que, non, je n'avais pas le droit de brûler tout ça, qu'elle serait libre de le faire plus tard quand on m'aura enfoui dans une fosse commune.

Le premier document date d'avril 1978. J'avais encore 20 ans. C'est un numéro spécial de la revue 25. Une petite anthologie de la poésie belge. C'st la première fois qu'on publiait un de mes textes. J'étais, avec Antonio Moyano, le plus jeune des "auteurs". Eugène à peine plus âgé. Beaucoup de ces auteurs ont disparu. Soit réellement, soit qu'ils ont jeté leur froc d'écrivain aux orties depuis longtemps. Autre gros coup de blues...

jo

 

Chose incroyable, je jure que c'est vrai, j'avais à l'époque une amoureuse !!! J'ignore toujours aujourd'hui quelle mouche l'avait piquée pour jeter ses bras autour de mon cou. En ce tempslà, il n'y avait guère que les gays pour me dire, parfois avec une certaine insistance, que j'avais une gueule d'ange et que je pouvais aller dormir chez eux sans problème, mais vraiment sans problème, Joseph, si tu rates le dernier bus...

Je ratais souvent le dernier bus et rentrais chez moi à pied. Ça ne faisait qu'une petite dizaine de kilomètres. Je n'ai jamais eu d'ailes dans le dos...

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Commentaires
M
Le texte, c'est un extrait du SEXE TACHYCARDE...<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai le n°32 de la revue 25, d'août 1979, un an après.
Liège, hélas
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