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Liège, hélas
23 mars 2013

Un séjour à Bruxxxxxelles

J'étais rentré du Mexique et logeais alors chez une amie de ma compagne durant quelques jours. J'avais téléphoné à mon ami William Cliff, oui le célèbre poète pédé qui était passé à Apostrophe. Je l'avais rencontré à dix-huit ans, une époque où beaucoup d'hommes me tournaient autour du cul, trouvant que j'avais une belle gueule d'ange et qu'ils pourraient m'apprendre beaucoup de choses. William m'avait d'ailleurs écrit deux jours après notre rencontre. Je n'avais pas répondu à son invitation, pourtant sa lettre avait au moins le mérite d'être claire, s'il m'invitait chez lui, ce n'était pas pour une partie de mikado. 

Mais là, nous étions dix ans plus tard, j'avais déjà perdu mes ailes d'ange. Ma gueule n'en parlons pas. Comme m'avait dit trois ans plus tôt un autre homo qui n'était pas poète: quelle dommage toutes ces femmes qui t'ont fâné la gueule. Comme si j'avais connu dix mille femmes ! Mais qu'importe.

Je pris donc le tram à Etterbeek, poinçonnai mon billet avant de prendre le métro vers la rue du Marché-au-Charbon où William vivait alors. Dans le métro, il y eut un contrôle des billets. Je le tendis au sbire. Qui, à mon grand étonnement, me dit que je n'avais pas de titre valable. C'est vrai que la case semblait vide. Je lui fis poliment remarquer que l'on pouvait voir que j'avais validé mon billet, mais que je n'étais pas responsable du fait que la machine n'avait plus d'encre. Je le vis prendre son talkie-walkie (les g s m n'existaient pas encore) et il me fit descendre à la station suivante où je fus accueuilli par deux flics en uniforme. Ils tenaient leur assassin du jour. À la vue de tous, ils me conduisirent vers une pièce minuscule, me tenant fermement par les bras, au cas où j'aurais voulu m'enfuir après les avoir poignardés avec une arme blanche que je devais sans doute cacher sous mon pantalon. Ils étaient tous deux plus grands d'une tête que moi et leur ventre devait être une pub cachée pour un tonneau de bière. Ils semblaient me connaître puisqu'ils n'arrêtaient pas de me tutoyer comme si je venais de prendre plusieurs tournées de gueuze avec eux. Arrivés dans le bureau qui tenait plus de la cellule qu'autre chose, ils me demandèrent mes papiers. J'admirai leur conscience professionnelle. Ils appelèrent le commissariat après m'avoir questionné non sans avoir ouvert une cannette de bière. Oui, dis, on a un drôle de zoulou ici, tu veux pas vérifier. Oui. Il est né au Congo. Hein, non, c'est pas un nègre, il a l'air d'être blanc. Ce qu'on voudrait bien savoir c'est si son casier est aussi blanc que lui. Oui, un Belge et il vit au Mexique et il séjourne à Bruxelles pour quelques temps. Ok, j'attends, tu me rappelles. J'attendis donc des minutes qui me parurent fort longues dans ce vague espace qui puait la bière. L'autre sbire me proposa une cigarette. Il me l'alluma même avec son briquet. Il me laissa tirer une bouffée. Dis, tu te fous de notre gueule ou quoi ? Je le regardai étonné. Sans comprendre. Ici, on est dans le métro c'est interdit de fumer, alors t'écrases ça tout de suite, t'as compris ? Ils me demandèrent ensuite où je logeais. Je leur dis. On va vérifier. Heureusement, Martine était chez elle et leur dit qu'effectivement, je logeais bien chez elle pour quelques jours. Le plus gros raccrocha, de mauvaise humeur. Il ouvrit une autre boîte de bière. Dis, et ta Martine, au lit, ça va ? Elle suce bien ? Comment aurais-je pu le savoir ? Tu ne serais pas pédé peut-être, me dit le plus gros, parce que, moi, un mec qui partage l'appartement d'une femme et qui la baise pas, c'est une tapette. Il alla même jusqu'à vérifier d'une main lourde qu'il ne me faisait pas bander. Il sembla déçu. On l'appela. Non, je n'avais aucun casier judiciaire. Ce qui le rendit encore plus triste. Bon, on doit te laisser partir. Où tu vas maintenant ? Je ne leur ai pas dit que j'avais rendez-vous rue du Marché-au-Charbon qui était à l'époque l'équivalent du Marais parisien aujourd'hui. Un peu lâchement peut-être, je ne tenais nullement à ce que leur matraque vérifie le diamètre de mon trou du cul pour me faire parler.

Je ne m'étais pas rendu compte qu'ils m'avaient gardé plus de deux heures. J'ai admiré à nouveau leur conscience professionnelle. S'ils travaillaient ainsi avec les vraies crapules, c'était normal qu'il n'y ait plus la moindre agression dans Brukselles, ma belle.

William fut étonné de me voir arriver en retard. Mais, Joseph, tu n'es jamais en retard, toi. Je lui ai raconté l'histoire. C'était même pas la peine de porter plainte. L'honnêteté des flics bruxellois était telle qu'on ne m'aurait pas cru. Normalement, nous aurions dû aller manger un petit truc quelque part, mais, vu mon retard, nous nous sommes contentés d'une bière. William avait des choses à faire.

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