Comment je suis devenu journaliste III

C'est quand on a commencé à me reconnaître que ça a un peu merdé. À l'époque, à Liègehélas, il y avait deux critiques d'art. Un dont il était bon d'avoir une critique négative et l'autre, le maître, craint et adulé à la fois. Je connaissais déjà pas mal de peintres. D'artistes divers. Certains d'entre eux m'envoyèrent des lettres au sujet du maître de la critique. Me priant de dénoncer ses pratiques. Me montant, en somme, contre lui, pour le déboulonner de son piédestal. Qu'est-ce que j'en avais à foutre? Je n'étais pas payé pour ça. Plus, je n'étais pas payé du tout.

N'empêche que le piège m'a poursuivi longtemps. Très longtemps. Jacques Parisse, le maître d'alors, que la muse des arts aie son âme, y a plongé aussi. Pourtant, je n'avais rien à lui reprocher. Une fois, alors que nous prenions un verre dans un bistrot, je lui avais demandé s'il avait déjà découvert un artiste à Liège? Non, me répondit-il, mais j'en ai descendu beaucoup. Pour une fois pas provocateur, je lui arrivais répondu, dommage, ta vie a dû être triste. 

En fait, il y avait plusieurs peintres qui, n'appréciant pas que je taise les révélations qu'ils m'avaient faites, croisaient Jacques en leur disant: "tu sais ce qu'Orban dit de toi" ? Et, très courageusement, ils lui balançaient les révélations qu'ils m'avaient faites. Mais bon, ça aussi, finalement, je m'en foutais.

En réalité, il y avait quelque chose qui me tenait debout: comme je n'étais pas payé, j'avais la liberté de dire tout ce qui me passait par la tête. Et ça, ça n'avait pas de prix. C'est un luxe rare, vous savez, que de n'être pas payé pour rire tous les jours.

Attaché? Vous ne courez donc point ? dit le loup. J'ai toujours eu la chance de courir. Même si la pitance était rarement au rendez-vous...

(à suivre, si vous le voulez bien, même si ça m'étonnerait).

Comments

[Michèle P]

@Anonyme : peut-être ainsi :

http://www.youtube.com/watch?v=C5pX7oZ747w

[Anonyme]

www.youtube.com/watch?v=C5pX7oZ747w

[Justine]

Nous le voulons bien. Poursuivez, poursuivez...

[Michèle P]

Pour pouvoir écrire sur l'histoire immédiate, il faut force d'âme, grille de lecture et grande liberté d'esprit. N'aliéner son jugement à aucune servitude. Garder son éthique.

La conséquence peut en être des ressources étiques et squelettiques...

L'homme est un loup pour l'homme...