L'école des sept nains III
La première chose que j'ai apprise à l'école, ce n'est pas à lire et écrire. Je l'ai raconté ailleurs (voir le blog Nyota): papa était devenu aveugle six mois après ma naissance. À trois ans, il avait demandé à ma mère et, surtout à ma grand-mère de m'apprendre à écrire et à lire pour que, le lundi matin, je lui lise les résultats des matchs de football. Quand je suis entré à l'école primaire, je savais donc lire et écrire. J'étais d'ailleurs le seul enfant à savoir cela.
Non, la première chose que l'école m'a apprise, c'est le mensonge et la corruption. On recevait un bulletin chaque semaine. Le samedi peu avant midi. Il était de bon ton à l'époque d'être premier de classe. Je ne me tracassais pas trop puisque aucun autre enfant n'était capable de distinguer un A d'un B. N'était capable de lire une phrase, un mot en entier. Aussi fus-je très étonné, laa première semaine d'apprendre que je n'étais pas le premier. Non, le premier, c'était le fils du garde-champêtre. Un homme un peu bourru mais gentil que la femme menait à la baguette lorsqu'il s'attardait un peu trop au café. Et il aimait s'ya attarder. Faut dire que dans ce petit village, le garde-champêtre n'avait pas grand grand-chose à faire.
En première année, l'école des sept nains était toujours divisée en deux. L'école des filles et puis celle des garçons. Qui fut fermée l'année suivante. Peut-être était-ce déjà la crise? Or doncques, le fils du garde-champêtre était premier. J'appris très vite que ses parents offraient chaque semaine un peu de beurre et quelques oeufs à l'instituteur... Qui ne pouvait dès lors les remercier en offrant la première place à leur gamin. Ce n'était pas bien grave, mais j'avais été très vexé.
Le petit garçon s'appelait Jean-Marie. Sur la photo, il est accroupi au premier rang avec une écharpe bicolore. Quarante ans plus tard, il deviendra bourgmestre du village...