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Liège, hélas
8 octobre 2012

obligatoire et... gratuit, donc

Dans le chapitre précédent, je vous parlais d'un temps que les moins de... quarante ans ne peuvent pas connaître. Parce que il y a bien longtemps que l'enseignement gratuit a disparu. Plus ou moins en même temps que les dinosaures. Fini le temps du matériel scolaire fourni par les communes ou les villes aux enfants. L'équerre, le compas, le rapporteur, etc, aux oubliettes. T'as dû mettre tes enfants à l'instruction obligatoire, eh bien, tu paies, maintenant, c'est pas plus compliqué que ça.

Tu paies, parce que la plupart des villes, des communes, n'ont plus d'argent pour ça. 

Je prends une ville que je connais, hélas. Je répète ici que je ne parle pas de la qualité de l'enseignement communal liégeois. Mais des conditions dans lesquelles les enseignants doivent parfois travailler. Il y a une petite vingtaine d'années, une amie, institutrice dans un "quartier défavorisé" (ce qui, à Luik est presque un pléonasme), me disait qu'elle devait acheter chaque jour plusieurs pains et de quoi nourrir nombres d'enfants dont les parents étaient incapables de remplir la boîte à tartines de leurs momes. Incapables, forcément, de payer la cantine douteuse de midi. Il est vrai que Luik n'avait plus un sou. Notez que c'est la même excuse que la ville serine depuis bientôt trente ans, si pas plus. La devise liégeoise devrait même être "châle, on n'a pu des senses". 

Je le vois bien dans l'école d'Elise. Tous les deux ou trois ans, il faut bien repeindre les classes. Mais, la ville n'a plus d'argent. Alors, on demande aux parents de garder les fonds de leurs vieux pots de peintures et de profiter des grandes vacances qui pour repeindre les murs, qui pour construire de nouvelles étagères voire, en cas de pénurie, d'apporter des rouleaux de papier cul parce que la ville n'a plus d'argent pour en acheter. Et comme, en général, les gens sont bienveillants, ils apportent leurs restes de peinture, leurs brosses, leurs pinceaux et les enfants seront contents, à la rentrée, ils auront des classes arc-en-ciel, des étagères parfois bien, parfois comme-ci, comme ça, des étagères quand même, du fait-main, autre chose que de la fin de série Ikea. Il y aura toujours bien quelques parents qui profiteront d'une super giga promo chez A..i ou chez L..l pour apporter un stock de PQ (oui, Elise, on ne dit plus papier-cul) pour que leurs chers anges ne souffrent pas trop de gerçures diverses. Le Liégeois donnerait sa chemise, dit-on. La Liégoise aussi, peut-être même plus, mais, ça, je m'en fous.

C'est fort bien, c'est fort beau, cette solidarité, mais ce n'est pas normal. Mais si, me rétorque-t-on, la ville n'a plus d'argent. On va quand même pas laisser nos enfants dans la rue? Ils disent ça, même s'ils savent que, dans quinze ans, 80% (en étant optimiste) seront dans la rue. 

Du temps des dinosaures, après les examens de fin d'année, les villes, les communes offraient une excurion aux enfants. C'était prodigieux. On allait un jour à Ostende (beaucoup n'avaient jamais vu la mer), voire au Luxembourg ou, plus précisément, à Vianden et ses ruines. Ça permettait de voir des méduses gluantes ou d'apprendre que la grande-duchesse était la soeur de notre Rwa.

Maintenant, les excursions gratuites, ça n'existe plus. On est à l'ère des "classes vertes". Une fois à la mer du Nord, une fois en Ardennes. Une fois dans l'unique terrain vague et l'autre fois dans la forêt où il pleut tout le temps. Même quand il ne pleut pas. Les enfants sont ravis, la bouffe y est un peu plus dégueulasse qu'à la maison, mais qu'importe, à cet âge on s'en fout. Les parents un peu moins parce que ces classes vertes, ça va chercher quand même dans les 200 euros. C'est-à-dire, pour un gosse de six ans, le prix d'une inscription à l'Université avec le statut de boursier!!!

On croit rêver.

Cette année, comme la ville de Luik n'a plus d'argent, son école a décidé que les gosses ne partiraient plus en autocar, mais, sans doute pour ouvrir les enfants à la citoyenneté citoyenne, que ce serait... j'invente rien... les parents qui iraient conduire les gosses en classe verte et en "covoiturage"... Pourquoi? Parce que la ville n'a plus d'argent... 

J'espère quand même que la direction aura pensé à la question des assurances. Parce que, bon, si un autocariste prend un arbre sur sa route, sa compagnie est assurée. Mais papa Raymond ou maman Simone? S'ils ratent un virage? Ne parlons même pas de drames, mais de "simples" bras cassés. Mais bon, la ville n'a plus d'argent. Plus un sou dans les caisses.

Et des sous, elle en aura besoin par milliards si elle veut, pauvre ville conne, avoir l'expo internationale en 2017...

Vive Astana! Et merte à Liège 2017!

 

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