Je n'avais pas vingt ans... suite
Je reviens sur l'expo vue hier... Laissant de côté la nostalgie. Quand je visite une expo, je ne regarde pas que les objets. J'observe aussi les visiteurs.
J'ai ainsi que j'ai pu remarqué qu'il y avait fort peu de couples septuagénaires qui venaient se replonger dans leurs années folles. On voyait bien, de temps à autre, des messieurs dignes se pavaner au bras d'une dame qui aurait pu facilement être sa fille, sinon sa petite fille. Aucune couguar. Ce mammifère étant plus que rare. Ça me faisait sourire...
Rentré chez moi, je me suis dit que les années soixante avaient connu mille révolutions. Mais pas une seule vraie qui aurait subitement donné naissance à un autre monde. Une autre vision de celui-ci. Mais que ces dizaines de "métarévolutions", artistiques, musicales, picturales, vestimentaires, pseudo sexuelles, etc, ont fini par accoucher d'une souris d'un autre monde illusoire.
Qui donc, en 1960, aurait pu imaginer que le citoyen Lambda allait pouvoir se permettre de voyager vers d'autres continents aussi "facilement" que Raymond et Simone se saignaient les veines pour une semaine sous tente dans un camping éloigné de cinquante m. Que chaque Simone allait avoir un aspirateur, une machine à lessiver, un frigo? Que chaque Raymond allait avoir qui son R4, qui sa 2 CV, avant de pouvoir se taper de plus grosses limousines, comme ils allaient se taper d'autres Simone et que d'autres Simone allaient pouvoir faire de même avec d'autres Raymond ? Personne...
Je me suis quelque peu arrêté aux problèmes des "Noirs". Des images d'archives nous montraient la hideuse politique d'apartheid de l'Afrique du Sud. Condamnées par tous les pays du monde, et, particulièrement, par les USA. Alors que, au même moment, aux USA, des bancs, des bus, des bistrots, des écoles, étaient interdits à ceux qui, aux UUSA, étaient considérés comme des sous-êtres... Certes, grand pays de la liberté, l'apartheid n'était pas inscrit dans la Constitution. Il existait simplement dans les faits. Angela Davis nous était présentée comme une terroriste. Martin Luther King comme un dangereux fauteur de troubles. Cassius Clay, abandonnant son nom d'esclave, comme un immonde traître qui ne voulait pas aller écrabouiller des faces de citron au Viet-Nam... Car, ne soyons pas amnésiques, c'est ainsi que l'on parlait dans ces années-là...
Les USA nous avaient libéré du nazisme pour nous mener vers quelque chose d'autre auprès duquel le petit peintre raté d'Autriche nous semble, aujourd'hui, un mauvais clown de bas-étage...