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Liège, hélas
16 décembre 2011

Le tueur de la Sainte-Lucie

Ce 13 décembre, comme chaque année, c'était la Sainte Lucie. Une fête importante dans les pays scandinaves et qui, chez nous subsiste dans le dicton "à la Sainte-Luce, les jours avancent d'un saut de puce" car, avant, on la fêtait au solstice d'hiver.

Dans la mémoire des Liégeois, ce jour restera comme celui ayant compté trois minutes de trop. Trois jours plus tard, même le vent plus fort que d'habitude ne parvient pas à balayer l'émotion encore palpable dans les rues. Et, s'il venait à neiger, la neige aurait sans doute des reflets rouges. 

Comme il fallait s'y attendre, les premières réactions étaient celle de la Haine. Dehors, tous les étrangers! Le tueur de la Sainte-Lucie était né en Belgique, ne parlait pas un mot d'arabe. Mais, c'était un Marocain. Halte aux libérations conditionnelles! À entendre ou lire certains, il conviendrait peut-être de condamner aujourd'hui tout le monde à perpétuité. Même pour un stationnement interdit. Le tueur de la Sainte-Lucie cultivait du cannabis pour le revendre et collectionnait les armes à feu. Certes pas des activités qui vous conduisent à la Légion d'honneur, mais tout de même pas de la haute criminalité. Certes, s'il avait entièrement purgé sa peine, il n'y aurait pas eu de massacre ce mardi. Et s'il était sorti dans deux ans? Le fait d'avoir entièrement accompli sa peine l'aurait-il empêcher de tirer dans la foule? Peut-être que non, peut-être que oui.

Lorsque j'avais vingt ans, j'ai connu un jeune homme de mon âge qui a fait, entièrement, deux années de prison. Un dangereux criminel. Témoin de Jéhovah, il avait refusé de faire son service militaire. Deux ans ferme donc. Il est sorti de là tel un zombie. Il n'est pas tombé dans la délinquance, mais il parlait de la prison comme d'une "école du crime". Là-bas, d'autres détenus lui avaient appris comment ouvrir les portières de tous les modèles de voiture. Depuis lors, le jeune homme donnait un coup de mains aux voisins quand ils égaraient leurs clés. 

L'assassin (car il semble maintenant qu'il ait prémédité son massacre) de la Sainte-Lucie n'avait pas le profil du tueur fou. Personne, pas même Freud, n'aurait pu imaginer qu'il passerait un jour à cet acte odieux. Personne. Pourquoi a-t-il d'abord tué une parfaite inconnue avant de se rendre dans le centre de la ville? Pour se "faire la main"? Pour voir quelle serait sa réaction devant un acte aussi froid? Personne ne le saura jamais.

Ce matin, en une d'un "journal" belge, en gros titre: "Mon frère était un monstre!". Ah! Voilà bien la preuve que ce type était une ordure puisque même son frère le dit. Pas même besoin de lire l'article. Pourtant, si on lit l'article, on découvre ceci : "Nordine, je l'appelais le petit, j'ignorais que c'était un monstre". C'est pas vraiment vraiment la même chose. Mais bon, le mal est fait. Au lieu de tenter d'apaiser la haine, ce titre ne fait que l'attiser. C'est presque du délit de presse...

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