Un cas d'école

Les dramatiques événements d'hier peuvent être considérés comme un cas d'école. Pour les policiers, pour les journalistes, voire pour les historiens dont la matière première est le témoignage. 

Les policiers tout d'abord qui étaient, tout de même en première ligne. Les premiers à comprendre qu'il n'y avait qu'un seul tireur et non pas trois, quatre, cinq, dix dont certains s'étaient enfuis qui par les tunnels, qui par d'autres rues. Devaient-ils hausser les épaules et dire aux "témoins" d'aller se faire voir? Après trois minutes de fusillades, ils savaient que le seul tireur était mort. Pourtant, ils ont élargi de plus en plus le périmètre de sécurité. Au cas où...Ils l'ont fait et très bien. Sans panique. Sans hurlements et tout en restant polis.

Les journalistes ensuite. Comme moi, ils sont restés bloqués ne pouvant recueillir que quelques bribes de personnes effrayées. Relisez les "minutes" du drame de hier, toutes les dépêches étaient contradictoires, fausses, parfois démentielles. À leur décharge, ils ne faisaient que reproduire ce qu'on leur disait. Le quartier bouclé, ils n'avaient pas le moyen de vérifier leurs sources. Plusieurs quotidiens belges ont donné la parole aux "journalistes du net". Plusieurs heures après le drame, certains (pas tous) continuaient à propager des "nouvelles" plus hallucinantes les unes que les autres. Non, tout le monde n'est pas journaliste. De même que tout le monde n'est pas artiste.

Que toutes ces rumeurs aient été semées sous le coup de la peur, du choc, de l'émotion, on peut encore le comprendre. Que 24 heures après les faits on ne connaisse pas toujours le nombre exact de victimes...

Même de bonne foi, le témoignage est toujours quelque chose de très friable et d'incertain. Il ne peut jamais être pris pour argent comptant. 

Hier, internet, les textos ont largement contribué à développer la panique sur la ville.