Alors, vous mourez, oui ou merde?

L'an dernier, il y a eu, en Belgique, 74 326 décès. Contre 76 291 l'année précédente. De quoi faire gerber de fleurs les 650 entreprises de pompes funèbres que compte le pays. Si les Belges continuent à moins mourir, les croque-morts vont pouvoir mettre les clous sous le cercueil. Les pauvres. C'est vrai que, en moyenne, 114 cérémonies par an au lieu de 117, ça ressemble presque à Fortis, Dexia et Arco réunis... Ce ne sont pourtant pas les moyens d'alourdir la note des funérailles qui manquent.

Dans les années 1990, je m'étais entretenu avec un croque-mort assez sympathique. Le mieux, pour nous, m'avait-il dit, ce sont les accidents de la route et les crises cardiaques. La famille est désemparée. Alors, un cercueil de 50 000 balles, selon l'état de fortune des gens, on double, triple ou plus encore le prix. C'est leur dernier cadeau, ils vont pas se montrer mesquins... Et pareil pour tout ce qui tourne autour, les fleurs, les dalles...

Cela peut paraître cynique, mais c'est comme ça. 

Dans ces mêmes années, je m'étais rendu chez un de ces commerçants pour les futures funérailles de ma mère. De manière fort mesquine de ma part, j'avais demandé un devis. Il s'élevait à 80 000 francs de l'époque. L'homme s'était montré très très pro. Ah oui, monsieur, perdre une mère, on n'en a qu'une, patati, patata. Très pro, vous dis-je. Sauf que ma mère n'était pas morte, loin de là. Quand j'ai dit à notre homme que ma mère disposait d'une assurance de 50 000 francs et que je ne voulais pas payer un centime de plus, l'homme a été fort surpris. Oui, on pouvait passer à l'as la taxe de 7 000 balles réclamée par la commune, oui, finalement, il pouvait consentir un rabais sur le cercueil, et blablabli, et blablabla. De sorte que, en dix minutes à peine, on était retombés à 50 000 balles... Evidemment, ma démarche ne devait pas être très courante. Mais bon... 

De toute manière, de quoi ils s'inquiètent, ces commerçants? Des morts, il y en aura toujours. Et puis, qu'ils votent pour moi. Dans mon programme, pour régler le problème des pensions, j'ai prévu l'euthanasie obligatoire pour tous à 65 ans et à 40 pour les femmes. Pour éviter les trous dans les mutualités, les frais d'euthanasie seront entièrement à charge des héritiers. Dans cet élan de générosité qui me caractérise, j'avais pensé, dans un premier temps, à laisser aux familles le choix de la mort, pendaison, injection, gaz, électricité, j'en passe. Mais cela aurait été à contre-courant du principe que nous sommes "tous égaux devant la mort". J'entendais déjà les commentaires... Regarde un peu, les Duixe, c'étaient des riches, ils ont choisi le gaz, au prix où il est... Tandis que les sdf de chez Duigrec ont dû égorger leur père avec une canette de carapils pliée en deux...

Non, allez, tous égaux: une balle de Browning dans la tête et puis c'est tout. Mais on va encore m'accuser de favoriser la Fabrique de Herstal... Je me renseigne. Je pense qu'en Chine, les balles sont moins chères...

Comments

[Feuilly]

Il suffirait de souscrire une sorte d'assurance auprès d'une compagnie de tueurs à gage, comme cela les héritiers ne devraient même rien rembourser.
Ou alors prévoir que les frais d'euthanasie puissent être déduits fiscalement.
Comme le pays est endetté, on pourrait aussi se passer des services (comme c'est pudiquement dit, n'est-ce pas?)des enseignants et des fonctionnaires, sans parler des médecins puisqu'il y aurait moins de malades. Bref, c'est une idée à creuser (si j'ose dire).

Ah oui, j'oubliais, on peut aussi mettre votre nouvelle voisine sur la liste.