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Liège, hélas
14 novembre 2011

Théâtres d'enfant

Quand elle vient le samedi, Elise profite que je prépare le repas de midi pour improviser quelques pièces de théâtre avec ses poupées. Depuis quelques semaines, elle est dans sa phase "pensionnat" (je pense que c'est dû à une série qui passe à la télévision). Ce samedi, la pièce contenait trois actes. Je commence par le moins drôle.

Le directrice du pensionnat fait appeler deux filles rejetées par tout le monde. Le ton monte, la directrice explique pourquoi elles ne sont pas aimées. "Vous savez pourquoi tout le monde vous déteste ici? Je vais vous le dire. Tout le monde vous déteste parce que vous êtes des minables, que votre père ne gagne pas assez d'argent". Je suis intervenu pour lui expliquer que le fait d'être pauvre n'engendrait pas nécessairement la haine des autres. 

Elise est une excellente imitatrice. Bien sûr, elle a toujours sa voix d'enfant. Mais le ton, l'intonation, le côté péremptoire et "j'ai raison et ça ne se discute pas" et j'avais l'impression que c'était sa mère qui se trouvait dans le salon...

 

Acte deux. C'est une expression qu'elle a rencontrée dans une BD. Et, comme tout enfant, elle la répète à qui mieux. L'expression, c'était "obsédé sexuel"... Dans son pensionnat inventé, on pouvait croire qu'il n'y avait que des obsédés sexuels. Jusqu'à ce que la directrice intervienne et dise: "j'en ai marre de toutes vos obsédésations sexuelles". Je lui fait remarquer son "erreur". Mais, papa, c'est parce que je ne connaissais pas le vrai mot. Ce n'est pas grave, c'était une belle trouvaille.

Acte trois. Toujours au pensionnat. La directrice, encore et toujours, à une élève: "de toute manière, tu n'es qu'une prostituée"! Je demande à Elise où elle a appris ce mot? Ben, au cours de religion. Au cours de religion? Ben oui, Marie-Madeleine, c'était une prostituée, non? En plus, elle était amoureuse de Jésus.

Décidément, le cours de religion a bien changé. En 1965, à l'âge d'Elise, Marie-Madeleine était juste une "femme de mauvaise vie" sans autre précision. Il est vrai que, en 1965, la sexualité n'existait absolument pas. Mon institutrice d'alors, bravant hardiment la Loi, nous donnait une heure de religion chaque matin, du lundi au samedi. Elle nous avait appris que le plus grand de tous les péchés était celui d'impureté. Et qu'il y avait même des gens qui le pratiquaient tous les jours!!! Devant notre incompréhension, elle nous disait que, par exemple, quand on allait aux toilettes et qu'on tenait notre chose, c'était déjà un péché. C'est ainsi que, durant plusieurs semaines, on vit les garçons pisser les mains sur les hanches. Les filles, je ne sais pas, il y avait une porte qui les cachait. Le samedi matin, le cours de religion était remplacé par la confession à l'église. Pauvre curé d'alors, il a sans doute cru être tombé dans un village auprès duquel Sodome et Gomorrhe ressemblaient à Lourdes et Fatima...

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