Au revoir

Quand Marcel rencontre X et lui dit "bonjour", il ne pense pas vraiment qu'il vient de souhaiter un bon jour à son interlocuteur. C'est ce que les linguistes appellent la fonction phatique : une mot, une courte phrase dépourvus vraiment de sens mais servant uniquement à ouvrir une communication, à la poursuivre ou à l'interrompre.

Cela fait déjà quelques années que l'on ne dit plus "au revoir" en se quittant, mais "bonne journée" qui est un peu l'écho redondant du "bonjour" initial.

Mais depuis quelques mois, combien exactement, je ne sais pas, le "au revoir" à de plus en plus tendance à s'effacer devant le "Marcel ? Une bonne journée ?" Il arrive même qu'on laisse une phase de suspension entre les deux questions. Le souhait implicite n'est plus ici affirmatif, il devient interrogatif. Laissant ainsi planer comme un doute sur le souhait énoncé. Cette manière de se quitter me laisse souvent mal à l'aise. En n'affirmant pas son souhait, mon interlocuteur me laisse supposer que la journée pourrait être mauvaise. Il y a là comme un non-dit inquiétant.

C'est pour contrer cela que je prends toujours congé en disant "au revoir"...