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Liège, hélas
7 octobre 2010

Poésie = blabla

Je ne sais pas ce qu'il m'a pris ce matin. Je me suis rendu à la séance d'ouverture de la biennale internationale de poésie qui se déroulait dans la très austère salle académique de l'université de Liège. Vous allez me dire que c'est normal pour un "poète" de se trouver là. Ben non, je fuis ce genre de manifestation comme la peste, le choléra et la lèpre réunis. La dernière fois que j'avais mis les pieds dans ce cirque, c'était au siècle dernier. Le Roi était, par hasard, en visite à Liège, son hélicoptère s'était posé non loin du bâtiment où se déroulait cette manifestation d'un autre âge. J'avais été plus que sidéré en voyant cet aréopage de poètes plus ou moins officiels (plutôt plus que moins) se précipiter vers les fenêtres afin de saluer le Roi au moment de son départ... 

Je suis donc arrivé à neuf heures ce matin. Quelque peu surpris d'apprendre que le droit d'entrée pour la matinée était fixé à... quinze euros ! Pas moins. Pour une fois, les festivités commencèrent presque à l'heure. Chose rare. Le calvaire pouvait commencer. Plus de deux heures d'encensoirs, de propos réitérés inlassablement. De banales banalités. De discours prérédigés (ou prédigérés) de ministres forcément fort occupés et ayant envoyé l'une ou l'autre émissaire pour balbutier plusieurs pages gorgées d'évidences. C'est fou ce que l'on a remercié. Toujours les mêmes. Qui, eux-mêmes, après, remerciaient les mêmes. L'assistance comptait un peu moins de cent personnes, dont un bon quart d'intervenants futurs et un autres de dormeurs (dont j'étais). Il y eut aussi une séquence nécrologie en hommage aux "amis poètes" disparus entre-temps. On en arrivait à se réjouir qu'il n'y en ait eu qu'une trentaine... Faut dire que la plupart des intervenants élus étaient des octogénaires plus ou moins solides. Ça sentait donc un peu le couloir de funérarium. Mais bon, en soi, ce n'est pas un défaut.

Les interventions d'un poète, ça devrait être bref. Elles n'en auraient que plus de poids, plus de force. Cela fait longtemps que les patrons des firmes de disque ont compris qu'une tube, c'était maximum trois minutes. Lors de cette séance inaugurale, seule un poète sénégalais semblait avoir compris cela. Un petit discours, plein d'humour, cinq minutes à peine.

En fait, j'étais là parce que l'on devait rendre un hommage à mon ami Izoard mort voici deux ans (les poètes meurent, les autres décèdent par politesse). Prévu à 10 heures, l'hommage eut lieu peu avant midi. Bla-blas aidant... J'étais là parce que l'on devait projeter un extrait d'un entretien que j'avais eu avec Jacques voici... cinq ans. Entretien que le cinéaste s'est décidé à terminer voici quelques semaines. Il n'est jamais trop tard... 

J'étais là, non point pour voir ma tête sur le grand écran (je la vois assez souvent comme ça tous les jours), mais pour voir l'effet que pouvait produire ce documentaire sur des spectateurs. Vous savez, parfois, quand on est sur un projet, on ne voit pas l'immense verrue qui envahit votre visage.

Curieusement, lorsque les lumières se sont éteintes, cela a réveillé les dormeurs. Puis il y eut huit ou neuf minutes de projection. Jacques répondant à trois questions, lisant quelques textes. Jacques faisant rire la salle par ses réponses, deux ans après sa mort. Des yeux radieux, heureux de le retrouver, lui,son humour, sa profondeur, ses mots. Quand les lumières se sont rallumées, les gens ont applaudi chaleureusement.

J'étais content. Pour lui. Je me suis dit que mon projet n'avait pas été totalement vain. Mais j'étais encore plus triste de penser qu'il n'aura jamais vu cet entretien. Reste maintenant à savoir si ce documentaire intéressera quelqu'un. Alors que ce témoignage devrait se trouver dans toutes les bibliothèques, dans les écoles, les universités... Mais bon, un poète, même mort, c'est quand même moins important qu'une enième défaite des Diables rouges, non ???

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Commentaires
J
Si si, vous pouvez aller vous en rendre compte de visu place des Béguinages. Le parterre fleuri a disparu, les sentes également. Le tout a été remplacé par une méchante dolomie qui deviendra boue dès la moindre ondée...
J
Et c'est à lui qu'on doit la destruction de la place des Béguinages...
Liège, hélas
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