Un voisin

Quatre cinq maisons plus haut que chez moi, habite un cousin de la famille Groseille. Fabrice. À prononcer avec quatre s et un i plus proche du a qu'autre chose. Il n'est pas méchant. Disons, un peu frustre. Il ne sait ni lire, ni écrire alors, quand il reçoit un courrier, il vient chez moi pour me demander de traduire. 

On ne peut pas dire que sa vie fut rose bonbon. Son fils est tombé d'une falaise et est tétraplégique depuis une dizaine d'années. Sa fille est devenue maman aux environs des quatorze ans quant à sa femme, ça fait longtemps longtemps qu'elle est à l'agonie.

Avant-hier soir, il frappe à la porte. Et quand je dis frapper, c'est frapper. Faut dire qu'il a des mains comme des béliers. Ça me surprend toujours. Il me tend une lettre. Je lui dis que ce n'est qu'une pub. Ah ! Je peux jeter alors ? Oui, tu peux jeter. Poliment, je lui demande des nouvelles de sa femme. Oh, ça va, mais les médecins m'ont appelé pour me dire qu'elle ne parlait plus depuis quinze jours et qu'elle restait en position fétule (sic). Ils voulaient même débrancher le rein artificiel, mais moi, j'ai pas voulu. Ben tiens. Après, j'ai essayé d'appeler ma fille, mais, celle-la, pour l'atteindre, c'est vraiment la broix et la cannière (resic). J'appelle, elle répond trois semaines plus tard.