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Liège, hélas
22 mai 2010

Le Jardin des Eburons

Parfois, à Liège, il n'y a pas que des étrons canins ou des poubelles éventrées. Il y a aussi des endroits étonnants. Ainsi ce nouveau jardin (cinq ou six ans peut-être) posé sous l'autoroute et le long de la ligne de chemin de fer qui conduit à la Gare Calatrava.

Je l'appelle le Jardin des Eburons car il est situé dans la rue du même nom. Il ne ressemble en rien aux tristes parterres sculptés au cordeau et sans la moindre imagination qui fleurissent dans le centre. C'est un jardin presque sauvage. Une grande pelouse divisée par une allée sinueuse, avec quelques bancs pour le repos et limitée d'un seul côté par une sorte de haie composée de rosiers rampants, de graminées, d'arbustes divers (il y a même un romarin remarquable) et d'une petite dizaine de pauwlonias. Un arbre qui peut atteindre une dizaine de mètres de hauteur et qui pousse aussi bien dans les contrées froides que sous un soleil lourd. L'arbre se plaît aussi dans les zones polluées. On ne s'étonnera pas dès lors d'avoir vu ces spécimens se développer avec allégresse à Liège. C'est en mai qu'il faut les voir. Lorsque ses grosses fleurs en forme de doigt s'épanouissent et donnent à l'endroit une lueur bleu mauve. On les dirait cousins des jacarandas.

L'autre jour, tandis que je flânais dans ce jardin, je croisai son responsable. Un homme proche de la retraite. Le visage ridé. Les gestes lents du jardinier qui sait que la hâte n'est pas leur alliée. Je l'avais déjà vu l'an dernier, taillant patiemment les petites roses fanées des rampants. Une à une.

Il m'a expliqué que c'était un privé qui avait construit ce jardin. Vous le voyez bien, hein, monsieur, c'est pas le même style que ceux de la Ville, mais c'est la Ville qui doit l'entretenir. Oui, mais, à vous voir, lui dis-je, ça n'a pas l'air d'être une corvée. L'homme se redresse alors, avec un éclat de fierté dans le regard. C'est mon jardin préféré, monsieur. C'est comme si c'était le mien... Il n'y a qu'une seule chose qui m'embête... Vous voyez, là, aux deux entrées, les cercles de graviers ? Oui... C'est pour les chiens. Et il n'y a que là qu'on ne voit pas leurs merdes. Surtout, ne marchez pas sur les pelouses. Il rigole. J'avais déjà remarqué. Plutôt qu'une amende, on devrait obliger leur propriétaire à les manger...

Nous parlons encore un peu. Je m'éloigne. Il ne m'étonnerait pas de le voir encore,une fois sa retraite prise, revenir sur les lieux un sécateur à la main...

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Le Jardin des Eburons, Liège, mai 2010.

Je dédie ce texte à mon fidèle lecteur Jules Legros qui se demande chaque fois comment je peux encore survivre dans cette ville et qui serait presque prêt à m'en chasser affublé de goudron et de plumes. Même éreintante, la critique n'est jamais une marque de haine...

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