D'autres marchands, d'autres sommeils

Hier, en faisant le portrait d'une marchande de sommeil, je ne voulais pas suggérer que le propriétaire de l'immeuble détruit à Liège faisait partie de cette étrange caste. L'on a tout juste appris aujourd'hui que ce propriétaire louait ses appartements 350 euros en moyenne, qu'il n'avait pas d'assurance incendie, qu'il habitait lui-même l'immeuble et qu'il avait échappé par miracle au massacre, ayant dû s'absenter pour réparer la voiture en panne de son fils.

Il n'en reste pas moins que de semblables tristes sires existent à Liège. Commençons par la tribu la plus odieuse. L'on rachète à vil prix une maison à la limite de l'insalubre. Inutile d'y faire des grands frais. Oui, peut-être remplacer la porte d'entrée et les fenêtres manquantes. La clientèle de ce genre de proprio est principalement composée d'Africains sans papiers, mais on accepte aussi autres Indiens ou Pakistanais. C'est qu'on n'est pas raciste dans ce milieu. Ces sans papiers étant forcément sans travail, inutile de demander, comme la dame d'hier, une fiche de revenus. On se montre donc grand seigneur et on ne réclame que cent euros par mois et par pièce au locataire. Cent euros par mois et par pièce, oui, mais aussi par locataire. C'est ainsi que dix personnes peuvent loger dans la même pièce. Ce qui nous fait mille euros la pièce. Considérons une maison de dix pièces et l'on se rend compte que notre pauvre dame d'hier peut être élevée au rang de philanthrope.

Autre marchand de sommeil, plus distingué, autre clientèle : les jeunes étudiants. On achète une maison à bas prix. On la rénove un minimum, matériaux peu chers, un wc par étage, le tout partant du principe que "dans un grenier, on est bien à vingt ans". On baptise cette chambre "kot" et on la loue 300 euros par mois. Une aubaine ! Les jeunes sont contents, le proprio est quasiment assuré que les parents payeront le loyer. Si l'on reprend l'exemple d'une maison de dix pièces, ça fait quand même 3 000 euros par mois dans la poche de celui qui se défendra bien d'être un marchand de sommeil. Pourtant, je ne vois pas grande différence...

On pourrait croire que ce genre de politique redynamise différents quartiers. Paradoxalement, non. Le week-end et pendant les vacances, les étudiants rentrent chez eux. Et voilà le quartier déserté. Certaines rues étant, à plus de 50 %, habitées par ces futures élites de la Nation. 

Mais, dormez tranquille, braves gens, une nouvelle explosion de gaz dans ces endroits, relève de la plus haute improbabilité.

Ou alors, de la triste loi des séries...