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Liège, hélas
28 janvier 2010

Boum !

Impossible, évidemment, de (sur)vivre à Liège en ce moment sans aborder l'explosion du siècle. En plein centre, à quelques pas de l'Hôtel de Ville et de la sinistre Place Saint-Lambert. Une maison à la façade hausmanienne, quatre ou cinq étages, qui explose en pleine nuit d'un hiver fort froid. Juste à côté de la maison natale de Simenon, juste en face de la Place Commissaire Maigret. Ce soir, on a retrouvé neuf dépouilles. Mais les secours pensent que l'on pourrait encore en retrouver une dizaine d'autres. La presse belge, même bruxelloise, ne parle plus que de ça. Les commentaires s'ajoutent aux commentaires. Le plus souvent, l'on parle du manque d'entretien des immeubles ou des "marchands de sommeil".

Voici une quinzaine de jours, j'étais avec un ami dans cette rue. Je lui montrais les façades des maisons. Elles feraient la fierté de n'importe quelle ville. Ici, elles exposent leurs diverses lèpres. Depuis plusieurs dizaines d'années déjà. Seuls les rez-de-chaussées, voués aux commerces, sont entretenus. Mais quid des étages ? 

Voici plus de dix ans, j'avais été amené à visiter une maison d'une marchande de sommeil. C'était une ancienne maison de maître, à quelques pas du centre. La marchande était une retraitée vêtue et vivant comme une clocharde. Elle louait la maison pièce par pièce. Trois au rez, trois au premier, trois au second et deux petits greniers. Je n'ai pas pensé à voir les caves. Un seul WC pour tout l'immeuble, des fils électriques dénudés pendant dans la cage d'escaliers. Des pièces dépourvues de porte. Tous les locataires vivaient (?) avec l'aide du CPAS. Le minimum des minima. Pour les loger, la propriétaire ne leur demandait que la moitié de leurs "revenus". J'avais calculé, à l'époque que cela représentait plus ou moins 120 000 francs. Et plutôt plus que moins. Trois mille euros d'aujourd'hui. Mais la brave dame était courageuse. Tous les premiers du mois, même le dimanche, elle se déplaçait elle-même pour venir chercher son "dû"... Puis, la pauvre vieille retournait chez elle dans le quartier de Fragnée. À pied car, avec sa pauvre retraite, le bus était trop cher...

Je ne sais pas si le 18 rue Léopold appartient à un marchand de sommeil. Aujourd'hui, il n'existe plus.

Depuis deux jours, les pompiers, la protection civile et d'autres secouristes déblaient les ruines, brique après brique, à la main car les maisons voisines menacent aussi de s'effondrer. Un travail éreintant. Physiquement et nerveusement épuisant. alors ? Explosion de gaz ?

Un dimanche de l'été dernier, j'avais été obligé d'appeler les pompiers pour une fuite de gaz bénigne dans ma cave. Trois camions, grande échelle, rue bloquée, casques et masque. Mieux vaut trop d'hommes que trop peu m'avait dit le commandant. Puis, des ouvriers de la compagnie du gaz étaient venus. Houlà ! Monsieur, mais votre compteur est complètement pourri. Notez que, au centre-ville, c'est encore pire...

Oui, peut-être faudrait-il une grosse explosion pour arranger les choses ? avais-je benoîtement demandé. L'homme avait levé les yeux au ciel : "peut-être"...

À l'heure où j'écris, les secours se poursuivent dans le froid et la pluie. On va très certainement encore trouver d'autres cadavres...

Les commerçants du coin commencent à s'énerver parce que le quartier est toujours bouclé. C'est qu'on n'est pas à Port-au-Prince, ici. On est dans une métropole et, la solidarité, c'est pas elle qui va combler leur manque à gagner.

C'est vrai, quoi, salauds de pauvres, a-t-on idée de réveiller tout un quartier en pleine nuit ?

D'ici à ce qu'on les condamne pour tapage nocturne...

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