D'une dinde à l'oie
L'autre jour, je profitais des dernières tiédeurs de l'automne pour prendre un café avec une amie que je n'avais plus vue depuis quelques années. Diable sait pourquoi, elle me demanda si j'avais retrouvé une nouvelle compagne (comme si j'avais même cherché à le faire). Je lui répondis très posément que je préférais encore me branler dans un avaloir d'égoût plutôt que d'encore toucher le bout d'un doigt d'une femelle. Ce qui fit éclater de rire la dite amie.
Ce ne fut pas le cas de la dame assise à la table à côté. Une dinde trentenaire et déjà tellement bien farcie qu'on se serait cru la veille de Noël. "Monsieur, vous êtes grossier" m'interpella-t-elle comme si je lui avais demandé quelque chose de Tennessee ou d'ailleurs. Toujours très calme, je lui répondis que je n'étais pas grossier, mais poète. Avec celle-la, je savais que son foie gras allait lui sortir du croupion. De fait. Elle se leva brutalement en me toisant et en me disant espérer ne jamais lire un de mes livres, si toutefois j'en avais jamais écrit. Elle risquait pas grand chose... Encore une qui a l'image d'Epinal du poète et qui pense certainement que Rimbaud enculait Verlaine en alexandrins...
Rentré chez moi, je me passe avant tout les mains et le visage à l'Iso-Bétadyne car l'amie en question m'avait malgré tout embréssé pour me dire au revoir. Et je pense même bonjour, mais cela n'a pas d'importance...
Je passe ma soirée à feuilleter d'anciennes revues qu'un ami me refile de temps à autre. Je tombe sur l'interview d'une poétesse étalant ses sentiments sur le "plaisir d'écrire"... Y'a des jours comme ça où rien ne va. Je la connais, de fort loin, cette poétesse, qui prend sa plume d'oie comme d'autres font du macramé ou, plus in, du scrapbooking... Le plaisir d'écrire ! Tiens, je t'en donnerais, moi, du plaisir d'écrire...