Fin du monde

Et comment s'est passée votre fin du monde ? De manière assez banale pour moi. Je me suis levé avec le soleil. J'ai fait pipi du matin. Bu une tasse de café. Je me suis demandé si j'allais mangé un oeuf sur le plat ou à la coque pour finalement choisir une tartine de jambon. Le tout en lisant sur internet les dernières nouvelles du monde. Les vraies dernières, cette fois, puisque, au moins on a de la chance, la fin du monde c'est pour aujourd'hui. Après cela, caca du matin qui oncques ne rend chagrin. Le temps de fumer une cigarette et de lire l'une ou l'autre revue que je connais par coeur depuis le temps qu'elles sont dans leur petit coin à regarder tranquille le temps qui passe et qui, aujourd'hui, va s'arrêter définitivement. Après cela, deuxième tasse de café en savourant pleinement l'immense plaisir que l'on peut ressentir de n'avoir pas devant soi le dos d'une compagne qui vous fait la gueule diable sait pourquoi. L'immense plaisir de n'avoir pas à ne pas discuter avec quelqu'un qui passe sa vie à se taire tout en exigeant de vous de deviner ce que ce silence ne tait pas. Bon, ça fait quand même six ans que je n'ai plus à me farcir ce supplice et, je l'espère, encore une petite vingtaine d'années à ne plus devoir l'affronter. Je m'égare. Donc, après, j'ai attendu quelques coups de fil pour savoir comment des amis passaient cette dernière journée sur ce semblant de planète. Ils devaient être fort occupés car je n'ai reçu aucun appel. Ou alors, peut-être que la fin du monde était venue chez eux quelques instants avant d'atteindre les flancs de Cointe qui sont tout même préférables à un flan de coings. Là, maintenant, le soleil se couche et je me dis que la fin du monde a dû être programmée par les responsables des chemins de fer belges et qu'elle est donc un peu en retard. Ou alors, pire, que la fin du monde m'a oublié. De sorte que, demain, je vais devoir me lever une fois de plus avec le soleil, hésiter entre l'oeuf sur le plat ou à la coque, à moins que je ne le brouille parce que je me serais levé avec ce qu'il me reste de pied gauche. Peut-être aussi que la fin du monde a oublié Liège. Avouons que ce serait pas de chance car si j'étais la fin du monde, ce serait bien le premier village auquel je m'attaquerais. C'était donc mon 18 688 ème jour sur terre. Et donc ma 18 688 ème fin du monde...

Comments

[Feuilly]

Vous vous égarez, en effet: vingtaine d'annéeS.

Par contre j'adore cette reamrque sur le silence de nos compagnes qui est toujours lourd de sens.