Avec la chance qu'on a

Cette phrase pourrait être la devise de ma soeur aînée. Il ne se passe pas une semaine sans qu'elle la prononce. Elle ne joue jamais au  Lotto, ne participe à aucun concours parce que, de toute manière, avec la chance qu'on a, on ne gagnera jamais. 

Il est vrai qu'il ne se passe jamais une semaine sans qu'un drame ne vienne la frapper. Drame auprès duquel la catastrophe de Compostelle ressemble à pet de pou. Un jour, sa tasse de café tombe de la table et se brise, un autre, son fils qui devait venir la chercher pour faire ses courses à dix heures, est arrivé à neuf. Je pourrais en citer des dizaines comme ça. La palme revient quand même à cette anecdote. Il y a une dizaine d'années, elle était venue pour voir la chambre que j'avais repeinte pour recevoir Elise. C'était une superbe journée de mai, grand soleil, pas trop chaude. Je lui propose de prendre le train pour aller passer la journée à Ostende. Oh, non, c'est gentil mais, avec la chance qu'on a, tu peux être certain qu'il pleuvra à Ostende...

Hier, c'est un ouragan qui est venu dévaster sa digne solitude : son ordinateur a un gros problème : il n'affiche plus les couleurs réelles ! Tu vois, me dit-elle, je voulais regarder les photos de la petite, c'est affreux ! Des grosses taches rouges, le bleu est orange. C'est affreux, c'est encore plus laid qu'un Picasso... Ça m'a fait rire.