AvecK

AvecK a laissé un commentaire sur mon article concernant le choix de mes armes. Je le connais bien. C'est mon plus vieil ami. C'est un ami de trente, pardon, de qurarante ans. Quand je l'ai connu, à Herstal, y'avait pas besoin de mettre son réveil le matin. On était éveillé par les milliers d'ouvriers, dont beaucoup de Flaminds qui venaient gagner leur croûte à la FN. Là où on fabriquait les meilleures armes de guerre du monde.

On avait l'âge où l'on pensait que nos parents étaient les rois des cons. On leur prouvait en leur montrant, sinon notre génie, du moins notre autre et haute intelligence. On les emmerdait, nos parents. Moi, ça allait, mon père était déjà mort, ça faisait un poids en moins. AvecK, ses parents ils, ont fait toute leur carrière à la FN. Le père 6/2 et la mère 2/10 pour pas que le gamin soit tout seul à la maison. La mère a commencé à quatorze ans. Dans le bruit, les odeurs d'huile de la cartoucherie. Son père dans le bruit des machines. De quoi vous rendre folle. De quoi vous faire crever avant l'âge. Ce qui devait d'ailleurs leur arriver.

Puis, on avait appris que la mère avait défilé avec de milliers d'autres femmes sous la bannière du "à travail égal, salaire égal". Tu parles. Cinquante ans plus tard, à part Madonna qui gagne peut-être autant que Messi, le message n'est pas vraiment passé. Puis on a appris que son père se rendait chaque jour au boulot, une heure à l'avance, pour mettre les machines en route et écouter leur musique tout seul. C'était son concert quotidien. Ça me fait penser à Kraftwerk, nous avait-il dit. On avait commencé à se dire que, peut-être, nos parents, ils n'étaient pas aussi cons qu'on le pensait.

Oui, ils travaillaient à la fabrique d'armes de guerre. Oui, ils faisaient parfois des heures supplémentaires quand ils devaient cacher les caisses marquées de ll'étoile de David parce que, le même jour, les Egyptiens venaient prendre leur commande.  Il n'y avait pas de morale gauchiste en charentaises. Juste de quoi avoir de quoi un peu manger, de quoi s'acheter un R4 et partir une semaine en vacances, dans un camping au bros de l'Ourthe, à vingt kilomètres de Luik. Comme quoi, il ne faut pas aller bien loin pour trouver le paradis.

Et ils auraient fait quoi, les parents d'AvecK s'ils avaient refusé de construire les armes de guerre? Vendre des bougies pour Amnesty une fois l'an, peut-être???

Comments

[aveK]

Pas Kraftwerk, Joseph, Throbbing Gristle, c'est quand j'ai fait écouter à Jean ce groupe industriello-bruitiste, qu'il m'a dit penser au boulot et à son concert personnel du matin dans les vastes halls de l'usine. Ma mère a commencé à travailler à 14 ans, mais seulement à 18 ans à la FN. C'était l'entreprise qui donnait un franc de plus que partout ailleurs.

Quant à la grève des femmes-machines dont je me rappelle très bien, ce qu'elles ont surtout gagné, hormis une augmentaion salariale un peu insignifiante, c'est la construction de crèches à Herstal. Et peut-être l'interdiction de (trop) leur mettre la main au cul.

Pour TG, Dream Machine

http://youtu.be/E6y35O_YNzo

[Lemaigre]

D'ailleurs malgré ceci http://goo.gl/ST5LU que je viens de lire et la crise, je suis sûr que la FN ne trouvera personne à engager.

[Lemaigre]

Je peux vous assurer qu'il y en a beaucoup qui disent aujourd'hui "qu'eux, à l'époque, ils n'auraient jamais travaillé à la FN"

[Michèle P]

Le 9 février 1966, les 3000 ouvrières de la Fabrique nationale d'armes d'Herstal (la FN) partent en grève, sans préavis.



(...) Elles demandent 5 francs d'augmentation !

Une dizaine de jours plus tard, les syndicats reconnaissent la grève, un comité de grève est mis en place pour venir en aide aux grévistes.

La direction de la FN résiste et ne propose que 50 centimes d'augmentation alors que d'autres usines du bassin liégeois sont également paralysées par des grèves.

Au terme de négociations qui durent trois mois entre les syndicats (CSC et FGTB), la direction de la FN, et un délégué du Ministre de l'emploi et du travail, on aboutit à un accord : une augmentation de 2,5 francs...



(...) Cette grève marque l'entrée plus massive des femmes dans l'action syndicale et oblige la société à s'interroger...



http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-histoire-du-travail-24-2011-06-14.html