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Liège, hélas
30 janvier 2013

Les écrivains, les assassins

Un peintre peut encore mettre des couleurs, parfois, dans la vie de son amante,  de son amant. Tout comme un sculpteur peut y mettre des formes. Un écrivain, il peut juste y mettre des mots. C'est sans doute pour cela qu'un amant, une amante ne peut vivre très longtemps avec un écrivain. Je parle par expérience. Passée et plus que passée.

J'ai pourtant vécu de nombreuses années avec une amoureuse. Je l'ai aimée vraiement. Sans besoin d'ajouter d'inutiles adverbes. Surtout ceux qui se terminent en "ment". Quand une histoire d'amour commence, il y a une chose que l'amant ferait mieux de ne jamais dire, c'est que je n'aimerais pas que tu fasses ceci ou cela. Ce sera la première chose que l'amante fera, de préférence très tôt. Plutôt que trop tard. Nous avions un pacte tacite, celui de ne jamais lire le courrier de l'autre. 

C'était au temps des dinosaures. Il n'y avait pas encore de gsm, ni l'internet. Juste des lettres que le facteur déposait le matin. C'était alors le facteur qui m'éveillait tôt le matin. J'adorais ce moment. Même si les factures étaient nettement plus nombreuses que les lettres d'amour ou quelque chose d'approchant. Un matin, je reçus une carte postale d'une dame beaucoup trop jeune pour moi, je devais avoir 35 ans qui me disait tout simplement "Je te souhaite une semaine zen". Rien de bien compromettant. Le soir, mon amoureuse d'alors et moi recevions des amis. Une agréable soirée. Calme coulos tranquille. 

Le lendemain, j'avais demandé à mon amoureuse d'alors qui avait lu mon courrier de le veille? Pas moi, dit-elle. J'avais alors commencé à imiter Colombo. Je l'imitais très bien. J'avais mis un imper et avait dit à mon amoureuse... "oh, vous savez m'dame, ça fait déjà quelques années que je vis avec ma femme, oh, je sais, vous ne la connaissez pas, mais je pense la connaître un peu; vous savez m'dame, on ne connaît jamais vraiment les femmes. Mais, hier, ma femme, pendant toute la soirée, n'a pas arrêté de répéter le mot "zen". Or, depuis sept ans que nous sommes ensemble, je ne lui avais jamais entendu prononcer ce mot...

Elle avait d'abord rougi, n'avait rien dit pendant quelques secondes avant de me lancer doucement "t'es terrifiant, tu vois tout". Oh, vous savez, M'dame, c'est le métier d'écrivain que de voir tout. (Sinon, ça je l'ai pas dit, tous les écrivains s'appelleraient Amélie, ce qui est un prénom encore plus con que Joseph). 

Je ne sais plus si nous avions fait l'amour ensuite, je n'ai jamais eu l'habitude de noter ça dans mon agenda.

C'est pour cela que j'ai toujours pensé qu'il était impossible à une femme d'aimer un écrivain. Un plombier, un jardinier, un ministre ou un joueur de foot, oui, mais... un écrivain!!! Pourquoi pas un bourreau?

 

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L
"Un peintre peut encore mettre des couleurs, parfois, dans la vie de son amante, de son amant. Tout comme un sculpteur peut y mettre des formes. Un écrivain, il peut juste y mettre des mots."<br /> <br /> En attendant, un écrivain peut, en très peu de mots, briser ou replâtrer les relations les plus passionelles ! Ce que le sculpteur ou le peintre pourra difficilement faire, à moins que de s'appliquer et d'y passer beaucoup de temps. <br /> <br /> Alors qu'en moins de cent signes mal choisis on peut se voir signifier son C4...ou, bien choisis, convaincre les plus farouches de nos "amies" les femmes...:-);
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