Comment je suis devenue journaliste XIII

Je n'ai plus eu de procès. Mais il y eut un autre moment pendant que je travaillais dans cet hebdomadaire qui devait remplacer Libé à court terme. J'avais fait le portrait d'un ami peintre (j'avais travaillé avec lui dans une bibliothèque quelques années auparavant). C'était un Juif, non pratiquant. À l'époque, cela faisait une quarantaine d'années que sa mère lui montrait ce qu'était une mère juive. Ça en fait plus de soixante maintenant. Dans le portrait que je lui avais consacré, je parlais de la Vierge Marie comme de la putain Marie.

Cela fit rire le rédacteur en chef. Par contre, le "gestionnaire", lui, rigola moins. Je fus mis à la porte sur le champ. À la porte de quoi? je me le demande toujours puisque je travaillais sans être payé. Mais qu'importe. La nouvelle se répandit en quelques heures. Le facteur déposait tous les matins des lettres de soutien. D'inconnus, d'artistes, même de profs d'université où, pourtant, j'étais loin d'être bien vu. Le contenu des courriers était plus ou moins semblable. Si vous ne réintégrez pas monsieur Orban dans votre rédaction, je n'achète plus votre journal. Une fois encore, Christian me défendit. Ce n'était pas, avait-il dit, tous les jours qu'on pouvait se payer une danseuse.

Quand je vous disais que j'étais une pute... Gratuite en plus.

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[Justine]

D'où votre titre :



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