Enorme / immense

Voici une dizaine d'années, c'est par le biais du "journalisme sportif" que le mot "énorme" s'était lentement inséré dans le vocabulaire. Tel tir au but était énorme. Tel smash sur un court de tennis, énorme. Telle chevauchée solitaire (avec ou sans dopage) dans un col des Alpes? Enorme. L'adjectif, souvent employé aussi comme épithète, a même fini par s'écouler dans d'autres domaines que le sport. Le dernier roman d'Untel? Enorme. Le concert d'Unetelle à Bercy? Enorme. Il semblerait que ce mot arrive tout doucement à son agonie. Dimanche dernier, suite à la victoire d'un pilote dans un GP de formule un, un premier "journaliste sportif" à écrit: "Alonso, immense"! L'usage du copier/coller jouant son rôle, je suis allé voir sur une vingtaine de journaux tant français que belges ou suisses et c'était partout pareil: le pilote avait été immense. Et voilà comment "énorme" va être, et c'est tant mieux, relégué aux oubliettes. Le tout est de savoir combien de temps "immense" va lui survivre. En mai prochain, je vois bien la presse française titre en une "Sarkozy réélu: immense". Il s'agira alors aux lecteurs spécialistes de rhétorique de me dire de quelle figure de style il s'agit.

Bon, je vais mettre à jour les commentaires. Promis, promis...