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Liège, hélas
19 mars 2012

La première fois

Il y a des années d'entre-deux comme ça. Quand je suis né, la guerre était finie depuis douze ans (enfin, celle de 40); j'étais trop jeune pour participer à mai 68 et quand j'ai pu en connaître les retombées, elles étaient déjà bien retombées. J'étais trop "vieux" aussi pour participer au mouvement punk. 

La première fois que j'ai entendu le mot "crise", c'était en 1974. J'avais 17 ans et n'étais donc pas sérieux. Le gouvernement de l'époque décida d'imposer le "dimanche sans voitures". Ce fut une période bénie. J'habitais alors à Herstal. Le dimanche, nous prenions nos vélos pour aller rouler sur l'autoroute, gravir la tranchées de Cheratte (et son pont des suicidés), mais, surtout pour la redescendre. Mais, le vrai "pied", comme on disait à l'époque, ce fut le jour où le préfet de l'athénée nous prévint qu'il avait oublié de remplir la cuve de mazout et qu'il n'y avait plus d'argent pour la remplir. On ferma donc l'établissement. Pour moi, un jour sans école, c'était une année de gagnée. Ce qui fait que je dois sans doute être plus vieux que le Chris si je fais le total de mes jours manqués. Puis, les camions de mazout retrouvèrent la route. J'avais l'impression que leur moteur sonnait le glas.

Si je compte bien, 74 - 2012, c'est donc la 38ième année de crise que je vis. C'est un peu comme un infarctus, la crise. Si on survit au premier, on sait que le suivant sera plus douloureux encore. La crise, c'est l'infarctus de l'économie. Et, donc, de la vie tout court. À chaque fois, le discours est le même: il va falloir se serrer la ceinture. En près de quarante ans, on l'a tellement serréE, cette ceinture, qu'un simple élastique pour catogan suffit amplement pour maintenir notre pantalon sur les hanches. En 1974, il n'y avait pas encore de traders, il n'y avait pas encore d'agences de notations. On pensait encore, très naïvement, que les banques agissaient en "bon père de famille". Aujourd'hui, ce n'est même pas en voyous qu'elles agissent. Elles légalisent la filouterie avec des lois qui font crever de jalousie toutes les maffias du monde. L'omerta est dépassée. Car ces pirates aiment exhiber leurs crimes contre l'humanité tout en sachant que cela leur vaudra d'être récompensés des plus hautes décorations par les marionnettes du semblant de pouvoir qu'ils tiennent entre leurs pinces d'or.

On finance la misère tout en faisant croire que le chômage coûte de l'argent aux restes d'Etats alors qu'il en rapporte énormément. On finance des guerres au nom de la défense des droits de l'humanité. La liste des crimes est immense. On continue, depuis des millénaires à nous faire croire que le travail et l'argent sont des valeurs fondamentales alors qu'elles mènent la Terre à sa perte. 

Il y a encore 1200 milliardaires (en dollars) sur Terre. Qu'inventeront-ils donc quand, lors de la République de Weimar, un simple pain coûtera un milliard de dollars? 

Ben, une guerre, pardi. À côté de laquelle celles du siècle dernier ressembleront à un spectacle de Guignol...

 

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« C'est un peu comme un infarctus, la crise. Si on survit au premier, on sait que le suivant sera plus douloureux encore. La crise, c'est l'infarctus de l'économie ... À chaque fois, le discours est le même: il va falloir se serrer la ceinture. »<br /> <br /> <br /> <br /> C'est bien la première fois que je lis que l'on combat un infarctus en se serrant la ceinture. Mais au fond, vous devez avoir raison : en faisant diète, on diminue les risques cardio-vasculaires.
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