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Liège, hélas
7 novembre 2011

Les grandes familles

Je retrouve un "Marianne" de l'an 2010. Je tombe sur un grand reportage consacré au fils de Villiers qui, depuis cinq ou six ans, attaque, en vain, son grand frère en Justice. Le grand frère avait des dons de pédagogue. Il aimait jouer au docteur avec le petit. Et même plus qu'au docteur.

Ça m'a rappelé quelques grandes familles que j'ai croisées de loin ou d'un peu plus près dans mon existence. C'étaient des gens bien, honorables. Non pas des notables, mais on prenait toujours soin de les saluer avec respect. Ils avaient entre trois et huit enfants. Il était impossible de leur trouver le moindre défaut. Les pères n'avaient pas de maîtresses et leur femme encore moins d'amants. Les enfants étaient polis et toujours propres sur eux. C'étaient des gens discrets. Ils ne recevaient que rarement et, quand ils le faisaient, c'était de la famille. On leur connaissait peu d'amis. Ils vivaient calmement entre les cloisons de leurs quatre murs... Les mères ne travaillaient pas, elles étaient déjà bien occupées par leur progéniture. Certaines d'entre elles portaient des lunettes solaires même au crépuscule. Sans doute leurs yeux étaient-ils un peu faibles à force de coudre, tricoter ou crocheter.

Plus tard, beaucoup plus tard, on s'étonnait un peu. La fille d'Untel s'était jetée sous un train. Mais il est vrai que ça avait toujours été une enfant un peu plus difficile, un peu étrange. Elle étudiait fort bien et ne parlait jamais en classe. C'était le temps des premières rumeurs, mais vous savez combien les gens sont mauvais. Surtout de soupçonner des choses alors que cette grande famille est frappée d'un deuil aussi cruel. On disait même que la fille d'Unautre était devenue... de mauvaise vie. Qu'un autre changeait d'amants comme de petite culotte. Pltuôt trois fois qu'une par jour. Qu'une autre encore finirait jeune fille car la vue d'un homme ou d'une femme la faisait changer de trottoir. Comme les gens sont mauvais, ils souriaient en disant que, finalement, elle ne sortait qu'avec son chien...

Il y avait, bien sûr, des divergences. Mais, toutes ces grandes familles avaient un point commun avec les de Villiers: elles étaient toutes profondément catholiques. Plus même que les papes. Non seulement grandement pratiquantes, mais aussi actives. Qui chantaient tous les dimanches ou jouaient de  l'orgue ou d'autres instruments. D'autres décoraient les autels régulièrement ou dressaient crèches et calvaires au moment voulu. Toutes et tous se confessaient chaque semaine même si, en vérité, ils ou elles n'avaient pas grand chose à se reprocher.

De toute manière, leur dieu n'était que miséricorde. Et, comme toute la famille, il fermerait les yeux, les oreilles et la bouche lorsque, chaque vendredi, le papa viendrait murmurer dans le confessional que, oui, en rentrant après minuit, il était allé dire plus que bonsoir à sa fille. Vous savez, la plus petite, celle qui a toujours été un peu difficile...

 

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