Un moment de couleur
Ce dimanche, étant dans mon jardin à regarder trembler les feuilles, je ne sais pas pourquoi j'ai eu une pensée pour Jean Hick. Cela faisait déjà quelques années que je ne l'avais plus vu. Ce peintre discret, moins bougon que timide qui semblait s'effacer lors de ses rares vernissages ou rougissait comme un enfant quand on lui avouait avoir bien aimé tel ou tel travail. Durant quelques années, il m'envoyait une peinture miniature en guise de bons voeux. Une fois, il m'avait reçu chez lui en me disant que si ses derniers travaux étaient faits principalement de noirs, c'était tout simplement parce qu'il n'avait plus d'autres couleurs dans son atelier. Ce n'est pas lui faire injure de dire que Jean avait des débuts de mois difficiles. Voici quelques années, suite au décès de sa fidèle compagne, il avait été contraint de trouver refuge dans un hôme. Des amis lui en avaient trouvé un au milieu d'un bois, mais cette nature, ces arbres l'étouffaient et il avait préféré se réfugier dans la ville qu'il n'avait jamais quittée.
Ce dimanche, dans mon jardin, je me demandais donc si Jean peignait encore? Qu'était-il devenu?
Ce matin, à cinq heures, j'ai ouvert un mail de mon ami Marc Renwart. "Jean Hick s'en est allé".
Quand un peintre s'en va, c'est toujours un moment de couleur qu'il emporte avec lui.