Premier septembre

Sauf quand elle tombe un week-end, la date du premier septembre a toujours été, pour moi, la date la plus funeste de l'année. Pensez donc: la rentrée des classes. La Rentrée même! Pour moi, lorsque j'étais enfant, La Rentrée, c'était comme la promesse de dix mois de prison ferme avec deux libérations conditionnelles à Noël et à Pâques. L'ennui profond quatre jours par semaine, de 9 à 16 et deux avant-midi les mercredis et samedis. La Rentrée...

Cette année, il faisait beau. Il y avait un petit-déjeuner en plein air à l'école d'Elise. C'était amusant, on pouvait voir les familles qui étaient restées en Belgique et celles qui exhibaient leur bronzage. Mon diable, comme les enfants avaient grandi en deux mois!!! Elise était sortie de l'hôpital trois jours auparavant. Rien de bien bien grave. Mais on peut être aussi un papa poule. Surtout, peut-être, quand on ne voit pas son enfant tous les jours. La petite avait retrouvé l'appétit. Et vas-y que je t'enfile un croissant. Et un biscuit. Oubliés, les baxters. Je me suis contenté de trois gorgées de café. J'ai embrassé Laura, la fille de mon premier éditeur. Je l'ai connue quand elle avait six jours, quand elle avait cinq ans, je lui racontais des histoires horribles quand elle venait sur mes genoux. Elle sera peut-être l'institutrice d'Elise d'ici deux ans. Je me suis dit que le temps passait vraiment vite. J'ai quitté l'école à neuf heures. Le coeur encore plus gros que lorsque j'y entrais lorsque j'avais six, sept, huit ou vingt ans. Cette année, je suis parvenu à retenir mes larmes en me demandant qui je détestais le plus: l'école ou les femmes ? 

Autant choisir entre peste et choléra..