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Liège, hélas
3 décembre 2010

Hémorroïdes

Ça faisait longtemps que mon ami Legros Jules n'avait plus fait sa crise d'hémorroïdes. Et diable sait si ça fait mal quand il fait froid. Voici ce qu'il m'envoie comme commentaire au sujet de la Saint Nicolas :

Non seulement vous abreuvez votre fille de fariboles et autres contes de fée qui la baigne dans un monde de fantaisie bien loin de la réalité cartésienne de notre société mais en plus vous renforcer chez elle le caractère sexiste de cette même société en lui faisant jouer le rôle de la petite maman par le cadeau offert.
Peut-être vous en train d'étouffer une future carrière de menuisier, camionneur, grutier ou lutteur gréco-romain.

Rassurez-vous, gros Jules, ce n'était qu'une infime parenthèse dans sa vie. Je trouve, de fait, que les enfants n'ont absolument aucun droit à la fantaisie. Qu'il faut les plonger directement dans le bain de l'effort constant et de la réalité du monde. Pas question, ici, de livres, de films, de musiques et autre fariboles qui ne font que détourner l'enfant de notre univers. Les lois scélérates de nos démocraties étant ce qu'elles sont, je ne puis que regretter l'interdiction faite aux enfants de travailler dès qu'ils sont en âge de marcher. Ce qui m'oblige, chaque samedi que diable fait d'installer ma fille dans un coin de la ville afin qu'elle puisse mendier à son aise. Que les Liégeois ont bon coeur ! Quel spectacle ravissant, tandis que je sirote dix ou douze vins chauds, que de voir ces gens déposer qui une pièce, qui un billet dans son petit chapeau de soleil troué qu'elle garde sous sa jambe gauche. Etant entendu que j'ai noué la droite dans son dos afin d'attirer la pitié des passants. Le seul problème, c'est que je suis obligé de me lever toutes les vingt minutes pour aller ramasser l'argent tout en affrontant le froid auquel elle a la chance d'être habituée. 

Certes, au bout d'une heure, après avoir pris une petite centaine d'euros, je pourrais me contenter de la reconduire à la maison. Mais, autant lui apprendre les vertus de l'effort, de l'abnégation et du travail. Je limite donc sa mendicité à huit heures sans oublier de lui rappeler qu'au dix-neuvième siècle, c'est douze heures qu'elle aurait dû faire. Qu'elle ne connaît pas sa chance. Hélas, il est temps de rentrer, il reste le ménage à faire, le repas à me préparer pendant que je fais la sieste, trop fatigué et trop ivre que je suis pour compter les billets rapportés. Il faut bien arrondir ses fins de mois, surtout quand c'est libre d'impôts. 

Vous voyez, mon cher gros Jules, que je fais tout, et plus encore, pour lui apprendre que, quand elle sera grande, ce sera pire encore. Je n'aimerais pas que plus tard elle me reproche de ne pas lui avoir tout appris. Qu'elle termine comme vous qui reprochez sans doute à vos parents d'avoir étouffé votre carrière de danseuse travestie dans un gay bar...

 

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Commentaires
L
Je suis émue par le commentaire de M.Legros, émue au point de me relever juste pour vous dire ces quelques mots...<br /> Je me demande combien monsieur devez-vous souffrir et avez-vous dû souffrir pour laisser un commentaire aussi froid, passant totalement en silence le regard attendri de cette jeune enfant..<br /> Biensûr qu'en lui offrant des jouets, on peut renforcer des rôles préérablis par une société sexiste<br /> Mais est-ce là le problème?<br /> Vous, en nous offrant un tel commentaire, que renforcez-vous?<br /> Se laisser toucher par la magie et le rêve, n'est-ce pas contacter son humanité?<br /> Pourquoi avez-vous peur de la fantaisie?<br /> Et de quelle réalité parlez-vous? <br /> Qui a dit qu'il n'y a pas UNE réalité mais bien DES réalités..<br /> La vôtre me semble triste, sans fantaisie, rigide avec peut-être une certaine colère..<br /> Alors, comment faites-vous pour tenir le coup dans un tel monde? <br /> Un peu de douceur, même au travers d'un sourire ou d'un regard illuminé.. Comment parvenez-vous encore à vous en priver?
T
on n'a qu'une seule enfance et nos souvenirs sont le seul accompagnement de toute notre vie d'adulte parsemée d'embûches monsieur JULES avez vous une si belle vieillesse dans notre monde de dingues que pour empêcher cette petite libellule de rêver un peu? avez vous envie de partager déjà vos cauchemars avec elle? Laissez la vivre un peu son insouciance il y aura vite assez de crétins pour lui apprendre la dure réalité du quotidien<br /> <br /> Vole vers le printemps petite hirondelle ,chaque année l'hiver est de plus en plus long ,profite profite
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