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Liège, hélas
20 novembre 2010

Brooklyn Lîdje

Lors de mon premier séjour à New-York (voici déjà un quart de siècle), j'avais été frappé par le nombre incroyable de gens qui parlaient (ou criaient) seuls. Dans les rues, dans les bus, dans le métro, dans les bars, les restaurants. Partout. Pas un jour sans que je n'en croise au moins dix dans la "ville qui ne dort jamais". Je me disais alors que c'était la solitude effrayante des villes monstrueuses. 

Or, depuis quelques années, dans le village liégeois, dans la ville qui dort tout le temps, je commence à en croiser aussi de plus en plus souvent. Trois, rien qu'hier. Dont un dans le "bus des fous". Au début (il était assis derrière moi), je pensais qu'il avait une communication téléphonique. Mais non, il faisait semblant d'en avoir une. Il racontait qu'il venait de sortir des cours, qu'il se rendait maintenant à un cours de maths qu'il n'aimait pas beaucoup, mais qu'il devait s'y rendre absolument s'il ne voulait pas rater son année. Contrairement à d'autres, il n'a pas masqué sa destinations réelle, à savoir l'arrêt de l'asile. Non, il est descendu à l'asile. Il devait avoir la soixantaine (difficile à dire vu les dégâts physiques des camisoles chimiques). Il n'avait pas de gsm. Il parlait tout seul. Il espérait que le prof de maths soit absent car il n'aimait vraiment pas ce cours.

Vers onze heures, tandis que je prenais un café, j'ai fait la connaissance d'un infirmier psychiatrique. Il m'a abordé parce que je parlais avec quelqu'un d'autre de la future Saint-Nicolas de ma fille. L'homme était un peu plus jeune que moi. Il travaillait dans l'aile pédo-psychiatrie. Pas un psy, non, un infirmier, tout simplement. Usé par son métier, il avait pris un mi-temps. Tu sais, me dit-il, quand j'ai commencé et qu'on se retrouvait devant un gosse piquant une crise, on essayait de le calmer le tenant très fort dans ses bras. Jusqu'à ce qu'il épuise sa colère, son ressentiment, son non-dit. Ça marchait. Pas toujours, mais très souvent. Maintenant, au premier geste paniqué du gosse... On les pique... Et on se fiche complètement de lui injecter une certaine dose d'accoutumance aux diverses drogues...

Ce qui ne m'étonne guère. J'aurais bien voulu lui parler, mais il avait d'autres choses à faire. Et moi aussi...

Sur le chemin du retour, j'ai croisé une dame âgée puis une ado un peu perdue. Elles parlaient. Seules. Dans la rue. À personne...

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