Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Liège, hélas
11 juillet 2010

Dieux de la pluie

Lorsque je vivais au Mexique, l'approche du mois de mai rendait les gens de plus en plus nerveux. Les chaleurs devenaient plus fortes et cela faisait six mois que l'on n'avait plus perçu la moindre goutte de pluie. Les campagnes étaient grises. Pour un peu, on se serait cru sur la Lune. 

J'habitais dans un quartier populaire. Le barrio Santa Tere, tacitement dirigé par Chuy. Un "garagiste" d'une cinquantaine d'année, d'une corpulence impressionnante et qui avait averti la population que l'on aurait de ses nouvelles si jamais quelqu'un osait encore m'appeler "gringo". C'est ainsi que j'étais devenu el belga. (Profitant aussi, curieusement, de la sympathie suscitée par les Diables Rouges chez les Mexicains. N'avaient-ils pas ouvert une école de foot pour des enfants défavorisés ).

La pluie tardait à venir. Alors, Chuy s'en remettait aux dieux Tequila et Mezcal pour improviser une offrande une fois sa journée de travail terminée. Et, s'il ne pleuvait pas le lendemain, c'était soit que l'on avait trop bu, soit pas assez.

Puis, sans crier gare, un jour, souvent sur le coup de 17 heures, le ciel s'ouvrait. Il ne fallait pas une minute pour que tout le barrio se retrouve dans la rue. Femmes, enfants, vieillards. Tous chantant, dansant, s'embrassant, sautant dans la rivière que la pluie formait dans la rue. Les voitures étaient obligées de s'arrêter. La rivière montait rapidement. Dix centimètres, vingt... C'était une fête improvisée, mais dangereuse. La pluie soulevait les plaques d'égoût et, chaque année, des enfants étaient emportés dans les caniveaux... La pluie durait au maximum une heure et l'on savait qu'elle reviendrait tous les jours, pratiquement au même moment. Et que, dès le lendemain, les campagnes seraient d'un vert très tendre.

Je repensais à tout cela hier tandis qu'infatigable, Elise jouait dans la maison. Impossible de rester une minute même dans l'ombre du jardin tant l'air était brûlant. On buvait de l'eau. Non, non, pas glacée. Surtout pas. J'ai appris cela des Mexicains. Ne jamais boire de l'eau glacée par forte chaleur. L'ennui, c'est que, hier, si on laissait la bouteille une heure sur la table, on pouvait presque se préparer un thé...

Peu après 23 heures, j'ai entendu des gouttes de pluie sur le toit. Au loin, quelques éclairs. J'ai retrouvé el belga. Je suis sorti dans le jardin. Mais cela fait longtemps que je ne sacrifie plus rien aux dieux Mezcal et Tequila. Les cieux s'entrouvirent à peine plus de trois minutes. Je n'ai pas pensé à le faire, mais on aurait pu compter le nombre de gouttes qui tombaient. Je suis rentré dans la maison le t-shirt à peine mouillé. 

Pour ce dimanche, on prévoit le même temps...

Publicité
Publicité
Commentaires
N
Qu'est ce que les mexicains ont contre l'eau glacée par forte chaleur? (j'aime bien votre blog)
L
Ca fait un petit moment que je ne venais plus sur votre blog<br /> Je viens de lire vos derniers messages... :) J'ai bien ri.. tout en cogitant!!<br /> Merci;)
Liège, hélas
Publicité
Liège, hélas
Visiteurs
Depuis la création 240 819
Newsletter
Derniers commentaires
Archives
Publicité