Parfum de peintre

Le message précédent me rappelle une petite histoire vécue avec mon ami Daniel Fourneau à New-York (non, pas celle des deux putes qui lui avaient piqué mille dollars dans sa poche).

J'étais là pour assister au vernissage d'une exposition de mon ami. Deux ou trois jours plus tard, la galeriste nous avait invités à dîner (déjeuner pour les Français) dans un restaurant de Manhattan où elle devait discuter affaires avec une connaissance. La dite connaissance était une dame dans la quarantaine plus qu'élégante. Pour cause, elle était directrice du secteur "parfums" chez Helena Rubinstein (si mes souvenirs sont bons).

La dame était à la recherche d'un nouveau concept de parfum que l'on pourrait associer au monde de la peinture. Ce jour-là, j'étais en forme (ceux qui me connaissent savent ce que cela veut dire). Je proposai à la dame (décidément fort élégante) qu'il faudrait tout d'abord créer un flacon en forme de tube de peinture entamé. Elle trouva l'idée absolument géniale. Oui, un flacon en cristal me dit-elle. Ce qui me permit de constater que ce n'était pas un Dim qui lui soutenait la gorge.

Encore fallait-il trouver un nom à ce parfum. On n'a pas idée de tout ce que peut bien représenter le lancement d'une fragrance...

Les noms les plus simples sont souvent les meilleurs. Aussi proposai-je innocemment le nom de "STRON".

Tandis que Daniel manquait d'avaler de travers sa gorgée de vin, la dame me sauta presque au cou. Elle venait de rencontrer son Einstein. Génial, génial, répétait-elle ! Oui, dis-je, il y aurait Stron de Picasso, Stron de Magritte... Wonderfull. Pour certains peintres, évidemment, ça ferait pléonasme, mais bon...

Sans doute la ressemblance avec Strong l'avait-elle frappée...

Je n'ai plus jamais revu la dame et je n'ai jamais vu le produit commercialisé. On a coutume de dire ici qu'il y a toujours un liégeois travaillant dans n'importe quelle firme dans le monde. Sans doute y en avait-il un chez cette dame pour lui dire que "stron" en wallon de Lîdje signifiait étron...