Haïti 2

Sur la photographie, on voit un homme, comme un funambule désemparé. Il ne marche pas sur un fil... Il est sur le trottoir. Et, sur le trottoir, il y a des dizaines de cadavres. Le funambule cherche simplement à ne pas les piétiner, à ne pas les déshonorer.

Si l'on zoome sur la photo, on voit que les mouches ont déjà commencé leur ouvrage. Que, dans deux jours, elle passeront le relais aux asticots. 

On ne connaîtra jamais le nombre de morts. Déjà qu'ils n'ont pas d'identité, on les entasse sans compter dans des fosses communes. 

Ceux qui ont survécu n'ont plus de tôles, n'ont plus de toit, n'ont plus d'abri. Quelqu'un, hier, me dit : oui, mais ils n'ont pas d'hiver. S'il fait trente degrés dans la journée et dix la nuit, vous avez froid. Très froid. La misère n'est nullement moins pénible au soleil.

Je ne sais pas si, à Haïti, il y a des vautours dans le ciel pour prolonger le travail des mouches. Mais il y en a certainement sur terre. Et ce sont eux qui, déjà, auparavant, possédaient des machettes... Et qui seront les premiers à aller piller les premières aides alimentaires et à les revendre très cher à ceux qui n'avaient déjà rien...

C'est quand il se sont rendormis que les séismes font plus de morts encore...