L'intelligence de l'araignée 2
Lorsque je vivais au Mexique, j'eus un jour l'attention attirée par une minuscule araignée semblable à un de ces bijoux très fin que portaient nos aïeules sur leur opulente poitrine. Elle se promenait calmement sur la table de la salle à manger. Mais elle n'était pas seule. Je fouillai dans la maison. Elles étaient dix, vingt, et plus encore. Partout. Dans la cuisine. Dans le salon. Dans la chambre à coucher...
Un peu inquiet quand même, je suis allé chercher un jeune vétérinaire qui habitait à deux ou trois cents mètres de la maison et lui ai demandé de venir.
C'est quoi, cette araignée ?
La "viuda negra" me dit-il en éclatant de rire... Il m'expliqua alors très calmement qu'il n'était pas nécessaire de les détruire. La veuve noire n'attaque pas directement. Quand elle a envie de piquer mortellement sa proie, elle nettoie l'endroit à l'aide de ses pattes. Un peu, me dit-il, comme un chirurgien fait un champ stérile avant d'ouvrir le corps. Mais ses pattes sont si dures que, même si tu dormais, tu serais vite éveillé par le grattement... Ici, à Guadalajara, tout le monde ou presque a des veuves noires chez soi. C'est la ville où il y en a le plus au monde...
C'était toujours bon à savoir...
Et c'est comme ça qu'au lieu de les exterminer, je les ai laissé vivre sereinement auprès de moi...