1 décembre 2008
Première séance
Comme vous le savez, je hais la musique. Partant, je n'écoute jamais la radio. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la coexistence des deux femmes que j'ai aimées a été abrégée. Qui a-t-il de plus insupportable que d'être assourdi, dès le matin, par les nouvelles du monde, les embouteillages sur tel pont ou le nombre de poutrelles levées à Grand-Malade?
Ça fait déjà un certain nombre d'années que Jean-Louis Dupont, qui est presque mon voisin, anime, le samedi matin, une émission consacrée au cinéma en général et aux films ne bénéficiant pas de l'entremise des maquerelles publicitaires en particulier.
Déjà, je trouve que Jean-Louis est un peu trouduc sur les bords. Parler de cinéma à la radio, pourquoi pas une émission sur Beethoven à l'usage des sourds ? Mais bon, Jean-Louis doit gagner sa vie.
Il paraît que son émission est d'excellente qualité. Je ne fais que rapporter les rumeurs puisque je ne l'ai jamais entendue. Et fort suivie par un public très nombreux d'aveugles qui préfèrent regarder les films à la radio.
Or doncques voilà que la RTBF, radio-télé de service public (vous voyez, le service public, ce truc vieillot destiné à mettre la culture au service du peuple) décide de déplacer cette émission fort écoutée en soirée. À savoir, en prime-time, à l'heure où les sourds vont allumer la télévision pour ne pas voir le film qui va passer et donc pousser le bouton de la radio sur "off".
Une pétition a été lancée pour demander à la direction (???) de la dite RTBF (avec un F comme foutre) de remettre l'émission à son horaire habituel.
C'est Jean-Pierre-Léon Collignon (qui est sourd) qui me signale la chose.
C'est parce que ça me fatiguerait trop et que, aussi, je hais le cinéma d'après Méliès, sinon, je lancerais une pétition pour que cette émission puisse passer les vendredis fériés à quatre heures du matin. Ainsi, au moins, pourrait-on compter le vrai nombre de vrais amateurs de cinéma.
Enfin, à mon avis, d'ici un mois ou deux, au moins aurai-je l'occasion de croiser Jean-Louis lorsqu'il viendra déposer sa carte de pointage dans l'urne des chômeurs.
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