Minable, en plus

Comme tout arriviste parvenu, il aime louanges et applaudissements sur son passage. Comme tout psychotique, il ne supporte pas la contradicition et est persuadé qu'il n'est qu'une idée juste au monde : la sienne. Comme tout mégalomane pervers, il est pour le respect au maître, décrétant que le respect va de soi alors qu'il se mérite. On le savait vulgaire comme un nouveau riche, il est encore pire. Même s'il n'a pas gardé les alevins avec eux, monsieur le tsaron se permet de tutoyer le peuple des pêcheurs. Ce faisant, il ne fait rien d'autre que de les mépriser du haut de toute sa suffisance. À une dame qui l'interpelle en lui disant "qu'elle bosse", il lui répond qu'il ne parle pas aux gens vulgaires. On croit rêver. Il bafouille. Il postillonne. Il perd ses mots mais garde intacte sa propre vulgarité de très très bas-étage. Il lapsusse à tire-larigot "si je ne suis pas venu", avant de se reprendre "si je suis venu", c'est dire combien il est réellement présent. À un homme qui l'invective, il répond : "Toi, si tu as quelque chose à dire, tu as qu'à venir ici !". On est où, là ? Dans un tripot des bas-fonds entre maquereaux se battant pour une vieille morue? Non, on est devant monsieur le tsaron en visite officielle devant son pays qui se lève très tôt pour gagner rien du tout. On le savait vulgaire, il est minable, en plus. Il ne mérite même pas le crachat, c'est une matière trop noble pour lui.