La performance, camarade

En Belgique, Fortis Banque sera le premier employeur à ne plus rémunérer ses employés en fonction de l'ancienneté, mais de leurs performances. Voilà qui promet une ambiance de travail aux allures de far-west. Déjà que, selon certains anciens de la place, l'ambiance n'y était pas jojo tous les jours, aujourd'hui, ça risque d'être Bagdad express du soir au matin. Mieux vaudra être du côté blackwater que de celui des pacifistes. Pensez donc, le fier légionnaire (ou mercenaire) dévoué corps et corps (car il ne sera pas question d'âme) à son noble employeur pourra voir son salaire passer de 1 à 1,8. Bon, qu'importe si, au bout de la carotte, il y aura dépressions, maladies cardiaques, insomnies et autres amusements du genre. Ce qui compte, envers et contre tout, c'est que Fortis décroche le magot. Les employés, ça se remplace facile...

Comments

[Feuilly]

Déjà que l'école ne vise plus la connaissance mais la compétence...

Un grand mot pour dire qu'un élève faible n'aura plus aucune chance dans la vie. Avant, s'il se donnait la peine d'étudier lentement et péniblement son tableau des mesures ou des capacités (1km, c'est combien de mm? 1/4 d'hectolitre, c'est combien de décilitres?)il pouvait espérer obtenir son brevet de l'enseignement primaire (et peut-être même du secondaire). Ensuite, il décrochait un métier qui lui permettait de survivre (vu le montant des salaires...)

Aujourd'hui, on ne s'intéresse plus qu'à sa compétence, autrement dit son aptitude à résoudre un problème à partir de données non vues au cours. Plus besooin d'étudier, donc. On nait intelligent, on ne le devient pas. Voilà du déterminisme digne de calvin (enfin, lui, c'était plutôt le salut de l'âme qui l'intéressait, pas l'intelligence, qui n'a rien à voir avec la religion comme chacun sait).

Fortis ne recrutera donc plus que des gens supposés intelligents. Ils pourront batailler entre eux et on verra celui qui sortira du lot. Le plus rusé ou celui qui a le moins de scrupules, tous les coups étant permis.

J'en viens à regretter le catéchisme de mon enfance (qui tenait tout de même un autre discours), ce qui n'est pas peu dire.