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Liège, hélas
12 février 2014

Pour en finir avec la vérité

Bien sûr que je m'en fiche de la vérité. Complètement même. Encore plus même. La vérité est tellement fluctuante, d'heure en heure, qu'elle n'existe pas. Et c'est heureux. Ce qui m'énerve le plus, en tant qu'écrivain (enfin, on disait que je suis écrivain), ce sont les gens qui pensent que je suis une copie carbone de mes textes. Heureusement, il n'en est rien.

Certes, comme tout le monde, je suis immatriculé à l'état civil. Comme si j'avais un gps au fond de l'os qui permetrait qu'on me retrouve n'importe où. Lorsque je suis devant une feuille de papier, un clavier, je perds mon immatriculisation. Je suis simplement Joseph Orban en train d'écrire ou de tenter de le faire. Je suis un fugitif qui se fout de la vérité. Un individu X qui essaye simplement d'ouvrir la cage des mots. Et vous savez, la cage, dans nos sociétés, on nous y a habitués depuis notre misérable enfance. Le berceau ? Une prison. Le parc où nos mamans, aimantes ou non, nous mettaient dès qu'on savait tenir sur nos pattes ? Une prison. Puis, sans qu'on sache très bien pourquoi, notre première condamnation : Douze ans minimum d'école ! L'école ? Une prison. Avec ses grilles, ses portes closes. T'as intérêt d'entrer dans le moule. Trop bête ? On se fout de ta gueule. Un peu en avance ? On se fout de ta gueule aussi. Tu DOIS être dans le moule. Chaque mardi, quand je vais chercher ma petite au pénitentier, je suis toujours malade. J'essaye de ne pas lui montrer. Je dois passer trois barrières pour entrer. Trois. Je repense à mon école primaire, l'école des sept nains comme m'avait dit un jour Elise après l'avoir vue. Il n'y avait qu'une barrière, une petite. Bien sûr, c'était à la campagne, les gosses ne risquaient pas de faire une fugue ou de se perdre. Une prison quand même dans laquelle je m'emmerdais ferme de 8 à 16 heures. Et même les samedis jusqu'à midi à l'époque. 

Puis, après, si t'as la malchance de tomber amoureux, le mariage. Le mariage ? Une prison. Tu imagines, tu as vingt ou vingt-cinq ans, tu fais un serment à vie pour le meilleur et pour le pire, selon la formule consacrée. Sans qu'on t'aie jamais dit que c'était pour le pire et le pire. On te fait croire que le mariage est une histoire d'amour mais, en même temps, on te fait signer un contrat. T'as intérêt à bien le lire. Mais, tu ne le lis jamais puisque t'es amoureux. Ou amoureuse.  Alors, tu signes. Comme un con. Comme une conne. Tu jures fidélité jusqu'à ce que mort nous sépare. T'es jeune. Tu n'imagines même pas que tu auras cinquante ans un jour, que, même si t'étais une Vénus ou un Cupidon, tu vas prendre du bide, des vergetures, plein de choses comme ça. Que, trente ou quarant ans plus tard, plus personne ne se retournera sur toi, tellement t'as pris les traits d'une gorgonne ou d'un vulcain. Alors, tu signes quand même... Et puis tu meurs. Sans même t'être rendu compte que tu avais vécu. 

Heureusement, je ne me suis jamais marié. Sans doute le seul acte intelligent et lucide de ma vie, après mon immense erreur d'être né.

Comme disait Céline : "l'amour, c'est l'infini à portée des caniches". Je me demande souvent pourquoi l'amour existe toujours. Les dinosaures ont bien disparu en leur temps...

L'amour, c'est comme le gui : un parasite sur l'arbre de la vie...

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