Le temps des voeux
Il fut une époque, c'était au temps où la Poste existait encore et ne se contentait pas de n'apporter que des factures,une époque donc où je passais mon temps à envoyer une centaine de cartes de voeux aux gens que j'aimais. C'était un temps où je passais une quinzaine de jours à attendre une quinzaine de réponses. Jamais plus. Je créais ces cartes moi-même, je mettais un texte différent selon le destinataire. Ça me coûtait une fortune, mais j'aimais bien ce moment-là. Ça me faisait passer l'hiver au tendre.
C'était le temps où j'ouvrais les enveloppe avec amour, délice et orgue. En sentant que Hubert fumait une Celtique ou qu'Unetelle avait mis son Trésor de Lancôme pendant qu'ils me répondaient. Il y avait aussi parfois de moins bonnes surprises. Comme ce type qui m'avait renvoyé la carte en soulignant rageusement qu'il ne supportait pas les voeux. Cette femme qui m'envoyait systématiquement une photo de son enfant, sans un seul mot, sans même une signature. Ce que je trouvais du plus haut mépris et de la plus extrême grossiereté. Ou cette autre qui m'avait dit qu'elle ne répondait jamais, mais qu'elle collectionnait mes cartes au cas où elles prendraient de la "valeur". Pauvre conne, tu risques d'attendre encore longtemps. Ce n'était pas bien agréable, mais ça me permettait de biffer certaines adresses au fil des ans.
Et ça me faisait très mal de faire cela. C'était bien plus compliqué à faire que de claquer un ami FB sur un coup de colère d'après minuit.
C'était un temps d'un autre temps. C'est pas vraiment la peine d'y repenser... D'ailleurs, à quoi bon encore penser ???