Les grandes idées
Le moins que l'on puisse dire, c'est que mon idée d'instaurer dans un proche avenir l'euthanasie à soixante ans ne fait guère l'unanimité. C'est souvent le cas avec les grandes idées, dont celle-ci qui devrait normalement me valoir le Prix Nobel de la Paix pour avoir sauvé l'Humanité sans avoir recours à la guerre. Encore que, de plus en plus souvent, je me demande s'il est vraiment nécessaire de sauver l'Humanité ?
Tu te rends compte de ce que tu dis ? Ça voudrait dire que dans un peu plus de trois ans, on te bousille, me dit un ami. Je m'en rends parfaitement compte. J'ai même dit que je signerais des deux mains et aussi des pieds si je devais signer le contrat. Mieux même, je veux bien être le premier à le signer. Et quand je recevrai, à titre forcément posthume, le Nobel, je demande qu'on inscrive ma devise sur le diplôme: Un petit souffle pour l'Homme, un grand bol d'air pour l'Humanité.
Si on avait dit, fin XIXe, aux enfants de 10 ans esclaves dans les mines de charbon belges que viendrait le moment où il leur serait interdit de descendre dans les bures, ils vous auraient pris pour un fou.
Si, en 1900, on avait dit aux esclaves adultes des mines et de la sidérurgie (et de tas d'autres secteurs) qu'ils auraient bientôt droit à quelques jours de congés PAYES par an, ils vous auraient pris pour un fou.
Si, en 1891, on avait dit aux parents de Marie Delcourt que leur petite serait la première femme chargée de cours à l'Université de Liège, ils vous auraient pris pour un fou.
Il y a des milliers d'exemple comme cela dans l'Histoire. Et ce n'est pas fini.