Lundi, c'est Victoire
Elle était pas bien, Victoire, ce lundi. Pas à cause de sa poitrine qui ferait passer les dames portant des bonnets D pour des clones de Jane Birkin, mais elle avait un souci. Elle avait perdu sa carte de banque. Ce qui, je l'admets, est plutôt embêtant. Je lui offre un café. T'as regardé dans toutes tes poches ? Elle s'emballe comme une Africaine qui s'emballe. Mais, je n'avais pas de poches, j'avais une robe. Comme si j'aurais pu le deviner. Mais, je me suis dit que si c'était le même genre de robe que celle qu'elle portait aujourd'hui, il ne devait effectivement pas y avoir grand place pour une poche.
Elle avait aussi un autre souci. Ça ne va pas très bien avec mon compagnon. Je lui dis que, ça, c'est de sa faute. T'a été mariée, tu as divorcé, à quoi bon chercher ailleurs après un échec ? Elle éclate de rire. Tu es un marrant, toi. Mais, t'as p'têt raison ! Pas la peine de chercher mille hommes ! Ni mille femmes non plus lui dis-je, le bonheur, le vrai, c'est de rester seul. Elle éclate une nouvelle fois de rire. Ça, je vais réfléchir à ce que tu viens de me dire. Je ne suis pas toujours aussi con que je le parais. Mais, Monsieur, j'ai jamais dit que vous étiez con. Non, mais moi, je vous le dis.
Son vrai souci, en fait, c'était la carte de banque. Elle était autant à son boulot qu'en Inuit au Sahara. Je lui ai dit qu'elle pouvait rentrer chez elle. Mais, Monsieur, je dois travailler. Et alors ? J'ai bien vu qu'elle était heureuse de rentrer chez elle pour chercher la carte qui doit probablement lui manger le nez...