Je me souviens XXII

Je me souviens que ma mère ouvrait mon courrier à l'aide d'un fer à repasser à vapeur. Je me souviens que quand ma mère me suprenait à dire bonjour à une étudiante dans la rue (ce qui devait arriver une fois tous les hivers) elle me demandait qui était cette putain à qui j'avais parlé dans la rue. Je me souviens que ma mère, en larmes, m'avait dit, peu après mes vingt ans, qu'elle aurait préféré savoir que j'étais pédé plutôt que de me perdre mon temps avec toutes mes putes. Je me souviens qu'elle avait justifié cette étonnante remarque en me disant que, au moins, les pédés aimaient leur maman. Je me souviens avoir usé de toutes mes forces pour ne pas lui mettre un poing dans la gueule. Je me souviens que, à l'époque où je faisais semblant d'être journaliste, elle m'appelait vers six heures du matin pour savoir ce que je faisais. Et aussi pour savoir avec quelle pute je dormais. Je me souviens qu'un matin, excédé, je lui avais répondu que j'étais en train de me faire sucer par une pute. Ce qui était loin d'être le cas. Je me souviens avoir eu la paix pendant six mois au téléphone. Mais, vous savez comment sont les mamans aimantes. Après six mois, la malheureuse avait fini par craquer...