Je me souviens XX
En réponse au vieux réac.
Je me souviens des années soixante. Je me souviens du temps où les parents fermaient les yeux sur ce qui pouvait bien se passer la nuit sous les tentes des camps scouts. (Où j'ai eu l'immense bonheur de ne jamais mettre la pointe de mon petit orteil). Je me souviens qu'à l'époque, jamais un curé dans l'exercice de sa fonction ou dans le cadre d'un atelier photo, n'aurait osé montrer à un petit garçon qu'il avait aussi un petit goupillon et que ce petit goupillon pouvait grandir et cracher de l'eau bénite. Je me souviens que si ce petit garçon avait osé rapporter l'événement à ses parents il se serait récolté une ou plusieurs paires de baffes et aurait été mis au pain sec et à l'eau pendant une semaine. Je me souviens qu'aucun professeur de l'enseignement officiel ne se serait permis de glisser sa main dans le soutien-gorge ou dans la culotte Petit-Bateau d'une de ses élèves ou, alors, s'il le faisait, c'était que la gamine était déjà la reine des putes. Je me souviens avoir grandi à une époque où les pédophiles n'existaient pas. Je me souviens qu'ils sont nés à l'époque de l'affaire Dutroux qui, paradoxalement, était tout, sauf pédophile.
Je me souviens que, du temps de mes parents et aïeuls, il n'y avait pas de pervers sexuels. Il n'y avait même pas de vie sexuelle. Je me souviens que nos parents étaient tous des êtres de stricte morale. Fidèles et tout et tout. Je me souviens qu'ils se mariaient tous en étant encore vierges. Je me souviens avoir appris très tard que mes grands-parents paternels se sont mariés peu avant la naissance de mon père alors qu'ils avaient déjà deux autres enfants et autant de fausses couches derrière eux. Ce qui expliquait les deux ans de différence entre chaque enfant.
Je me souviens que ma grand-mère maternelle était ce que l'on appelait alors une "bâtarde". Je me souviens que sa mère avait été jetée à la rue par ses porpres parents sous prétexte qu'elle avait fauté avec un inconnu qu'elle ne devait plus jamais revoir.
Je me souviens que, paradoxalement, on appelait alors les bâtards des "enfants de l'amour", ce qui en dit long sur la conception de l'amour de nos ancêtres.
Je me souviens que ma mère me disait toujours que c'était par la faute d'un verre ou deux de Bénédictine verte que j'avais été conçu. Sans quoi, probablement, elle n'aurait jamais écarté ses jambes devant papa.
Je me souviens que, si ma mère est devenue obèse après ma maissance, c'était uniquement de ma faute. Je me souviens qu'elle s'autoglorifiait en me répétant que, si elle avait voulu, elle aurait pu me faire partir. Mais vous pensez bien qu'une mère, une vraie, n'aurait jamais fait cela à l'époque. Je me souviens qu'elle me répétait très souvent qu'on lui avait dit que, à son âge, elle avait énormément de risques de mettre au monde un enfant anormal. Je me souviens qu'elle me répétait tout aussi souvent que j'en étais la preuve vivante...
Trisomiquement vôtre...