Je me souviens VI
Pour répondre au commentaire de Philogena, je me souviens aussi d'un ancien coureur cycliste dont je ne pouvais pas prononcer le nom parce que ma mère considérait que c'était un gros mot. Il s'appelait Désiré Ketteler... Bon, seuls les wallophones comprendront.
Je me souviens que, sans demander mon avis, ma mère m'avait inscrit à la Brigade M, sorte de patrouille informelle où il fallait faire le serment de boire chaque jour un verre de lait. Je me souviens avoir fait partie de cette brigade un an durant, sans jamais boire un seul verre de lait.
Je me souviens que, tous les matins, j'allais boire une tasse d'Ovomaltine dans le jardin. Ce qui me permettait de la jeter directement dans la prairie tellement cela avait un goût infect. Je me souviens que, dans le même genre, il y avait aussi le Hacosan qui prenait la même direction.
Je me souviens des petites pilules transparentes et rouges d'huile de foie de morue que ma mère m'obligeait aussi de prendre chaque matin. Je me souviens qu'elle me disait toujours que c'était grâce à ces pilules que je devenais "grand et fort". Je me souviens les avoir toujours recrachées.
Je me souviens de la merveilleuse petite fiole cachée dans la table de nuit de ma mère et sur laquelle une main calligraphe avait écrit "laudanum". Je me souviens que, plus tard, j'ai souvent regretté de ne pas l'avoir avaler en entier à quatre ans. Au moins, je ne serais pas en train de vous emmerder sur mon blog.
Ni de me dire que l'hiver d'une vie est, décidément, une saison qui dure beaucoup trop longtemps.
Je me souviens qu'aucune de mes trois grandes amoureuses ne m'a jamais dit "Joseph, je t'aime". Au moins avaient-elles le mérite d'être honnêtes.
Je me souviens que j'adorais le parfum des cadeaux désuets que l'on donnait aux enfants dans les paquets de lessive Bonux. Tellement inutiles que, très vite, est née l'expression "Et quoi ? t'as eu ton permis de conduire dans un paquet Bonux" ?
Je me souviens que je n'ai jamais eu de permis de conduire et que j'ai même refusé d'aller le chercher à l'hôtel de ville alors que j'aurais pu l'obtenir gratuitement et sans passer d'examen à l'époque.
Je me souviens, il y a une dizaine d'années, tandis que j'attendais mon ami Ola, parti acheter un pain après s'être garé en double file, un flic luikois m'avait demandé de dégager la voiture. Je lui avais répondu que je n'avais pas de permis. Vous vous foutez de ma gueule ou quoi ? Ben, non...
Notez que c'est la même réaction que celle des gens qui me demandent mon numéro de téléphone mobile. Faudrait déjà que je sache où il se trouve.