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Liège, hélas
23 juillet 2013

De l'indécence du travail

Hier soir, j'ai eu une "querellade" avec une amie (oui, j'ai aussi des amies). On parlait de tout et de rien. Elle me disait qu'elle était rentrée assoiffée du boulot. Je lui ai répondu qu'il conviendrait d'ineterdire tout travail au-delà de 25 degrés et en dessous de 10. Pffff, me dit-elle, on se demande où irait le monde avec des idées comme les tiennes ? Eh bien, j'ose prétendre qu'il irait bien mieux qu'aujourd'hui.

Cela fait très longtemps que je dis qu'il faudrait cesser de considérer le travail comme une "valeur". Et qu'il faudrait même aller jusqu'à supprimer définitivement le travail. Ce qui n'est pas une utopie, cela arrivera. Il y a deux siècles, il fallait, disons, mille personnes pour faucher un champ de blé, mille autres pour le rassembler en gerbes. Aujourd'hui, il suffit d'une seule personne aux commandes d'une machine pour faire tout cela beaucoup plus rapidement encore. Et je pourrais citer mille autres exemples. En fait, l'homme n'a jamais été "fait" pour le travail. Il est une espèce éminemment paresseuse. La preuve, après le feu, il a inventé la roue, une invention qui facilitait quand même bien les pénibles transports.

Mes parents m'ont éduqués de manière très conventionnelle. Le dogme du travail était omniprésent. Travaille bien à l'école et tu auras un bon diplome et, avec ça, tu auras un bon travail. Et le bon travail est TOUJOURS récompensé. J'ignorais à l'époque que, lorsqu'il faisait des heures supplémentaires en Afrique (et elles étaient nombreuses), papa était payé en bouteilles de Johnny Walker. J'ignorais aussi qu'il avait participé à une journée de grève dans son usine et que cette journée lui serait retirée quand il s'agirait de lui calculer le montant de sa retraite.

J'ai commencé à travailler dans une période un peu particulière, au début des années 80, quand le chômage commençait seulement à exploser. Les divers gouvernement ont pris des mesures de sauvetage, des emplâtres sur une jambe de bois qui ont surtout fait le bonheur des ... patrons. On avait à l'époque, créé des contrats d'un an, renouvellabes si on s'était montré apte au travail. Fort bien. Sauf que, dès la deuxième année, le patron ne bénéficiait plus de sa réduction (importante) aux cotisations sociales...Donc, ces contrats n'étaient JAMAIS renouvelés. J'ai également fait de très nombreuses heures supplémentaires. Je pouvais déjà m'estimer heureux quand le patron me disait merci. 

Papa se vantait toujours de n'être jamais arrivé en retard au boulot. Mi p'tit fî, rappelle-toi ce que je te dis: "mieux vaut arriver un quart d'heure à l'avance qu'une seconde en retard". Nous avons été des centaines de millions à avoir été éduqués de la sorte. À nous rendre au boulot, même avec quarante de fièvre. Ou avec une jambe cassée alors que les médecins vous recommandaient de rester immobile pendant un mois. Avec quelle récompense au bout ? Le mépris. Le sourire du patron sur les lèvres duquel vous pouviez lire "quel con, c'est mon esclave et il (ou elle) en redemande encore. Je lui ferais bouffer de la merde, qu'il la mangerait en me disant merci".

Mais ça, c'étaient encore des jeux d'enfants. Aujourd'hui, les récompenses ne sont plus octroyées qu'aux criminels. Le patron qui se met volontairement en faillite et qui se fiche complètement de laisser à la rue son personnel. Ça, ce ne sont encore que des petits sergents. Les généraux qui ont tellement mal géré leur entrprise au point de les mettre dans le rouge, on les licencie finalement, après beaucoup d'hésitation mais on les récompense de parachutes dorés pour services non ou mal rendus. À n'y plus rien comprendre.

Néanmoins, par atavisme, je me vois mal dire à ma fille que, désormais, si elle veut être reconnue, respectée ou saluée bien bas, elle devra commencer par tricher aux examens, baiser avec un prof ou avec son patron, piquer dans les caisses de la boutique, puis du fisc, ouvrir un compte dans les paradis fiscaux qui, de tout manière, existeront toujours... D'un autre côté, je me vois mal lui enseigner ce que mes parents m'ont appris, ce serait lui mentir. 

Ça fait plus de trente ans qu'on me rit au nez. Je m'en fiche. Ça fait plus longtemps encore qu'on le fait à celui d'Albert Jacquart... C'est un peu long, mais ça vaut le coup. Et puis, égoïstement, ça me fait sentir moins seul...

 

http://www.youtube.com/watch?v=_tru7cOEle4&list=PLjvkdGAwP0TfK9FzUMDiUIRGeJGZ8oXXp

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