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Liège, hélas
16 mai 2013

L'école, la merde, la mort

Je viens de me casser la gueule dans les escaliers par la faute du chat. Rassurez-vous (ou déplorez-le), ce n'était qu'une petite chute de trois ou quatre marches, je ne me suis pas fracturé le crâne, juste que je crève de mal au bras gauche parce que j'ai tenté de freiner ma chute. Sauf que, mon bras gauche, ça fait déjà des années que je ne peux plus le tendre. Je pensais aller dormir ppour oublier cet incident, mais ça me faisait tellement mal que je suis revenu sur l'internet et que j'ai découvert cert excellent article :

http://www.huffingtonpost.fr/philippe-blanchet/ecole-lieu-de-violences_b_3280117.html?utm_hp_ref=france

Ben oui. Je suis 100000 % d'accord avec l'auteur. Et, même si à l'époque, je n'avais pas encore la maîtrise des mots, cela fait cinquante ans que je ne cesse de dire que l'école, l'air de rien, est une insitution de merde basée sur la haine et donc la mort de l'autre. De celui qui n'entre pas dans le moule.

Je l'ai appris très tôt. Dès le premier bulletin de ma première année primaire. Une bêtise. J'étais alors le seul de la classe à savoir lire et écrire. Papa avait demandé à ma grand-mère de m'apprendre à lire et écrire à l'âge de quatre ans. Il voulait que, le lundi, je lui lise les résultats et les classements du championnat de football. Eh bien, lors de la remise de ce premier bulletin, je fus surpris de voir que je n'étais pas le premier de classe. C'était un gamin, au demeurant fort gentil et avec qui je m'entendais bien, un gamin donc qui n'était pas capable de distinguer un "o" d'un "i", alors que je pouvais déjà écrire des phrases entières. Et sans faute d'orthographe parce que ma grand-mère était intransigeante sur ce point.

Mais les parents du gamin, qui possédait une petite ferme, cinq vaches, deux ou trois cochons et quelques poules, offraient chaque semaines à l'enseignant quelques oeufs, un peu de beurre, etc. Bien sûr, j'gnorais totalement à l'époque ce que signifiait le mot "corruption". Il était donc normal que le gamin soit premier de classe. Et, la corruption ? Ce n'est pas une violence, peut-être ?

Je me souviens de mon institutrice qui n'hésitait pas, au moins une fois par semaine, à donner la fessée à certains enfants un peu turbulents. Oh, rien de bien grave, il suffisait de se lever de son banc, ce banc sur lequel nous étions vissés plusieurs heures durant. Qui donc aurait osé, à l'époque, dire à l'institutrice de fermer sa gueule sous prétexte qu'elle n'était qu'une grosse pute ? Personne. D'autant, qu'une fois rentré chez lui, le turbulent se voyait infliger la double peine sous la forme d'une fessée plus sévère encore de la part des parents. Ce n'était pas violent, ça ?

Etant un "bon élève", je n'ai jamais eu à subir ces sévices. En cinquième année, je me souviens d'un instituteur fort bien noté lors d'une excursion de fin d'année. Au retour, dans l'autocar, un turbulent se mit à chanter : "et on s'en fout, du règlement scolaire, et on s'en fout, les profs sont des cocus, on les a vus vus tout nus, avec une plume dans le cul, sur la rou ou te". Ce n'était certes pas du Rimbaud. Cela méritait-il pour autant une paire de gifles dans le visage et un "ça t'apprendra à fermer ta gueule". Ce n'était pas violent, ça ?

En sixième année, il y avait dans la classe un fils de "baraki" comme on disait. Le gars avait quatorze ans, il avait donc déjà doublé à plusieurs reprises. Il vivait dans une roulotte, avec frères, soeurs et parents. Il ne devait pas y avoir l'eau courante. C'est vrai qu'il était sale. Cela justifiait-il qu'un jour, l'instituteur le fasse monter sur l'estrade, lui demande de remonter la manche de son pull, trempe l'éponge qui servait à nettoyer le tableau noir et verse l'eau sur le bras du garçon afin que toute la classe puisse voir combien il était sale car de grandes coulées noires dégoulinaient maintenant de son bras. Mais bien moins grandes que les larmes de honte qui giclaient des yeux du gamin. Ce n'était pas violent, ça?

Alors, quand j'entends des parents me dire qu'aujourd'hui, l'école d'aujourd'hui, ce n'est plus comme de leur temps... J'ai envie de vomir... Mais je préfère rire. Tristement peut-être, mais rire quand même. Comme papa me l'a toujours appris. 

L'école est, sans doute, une merde nécessaire, mais c'est avant tout une merde. Et qu'on ne vienne pas me dire qu'elle est un moyen pour un enfant de salaud de pauvre de s'en sortir. Que de contraire. C'est encore moins vrai aujourd'hui. C'est juste un moyen de bien ancrer dans la tête de cet enfant qu'il ne sera jamais qu'une enfant de salaud de pauvre.

À la limite, autant l'nscrire à six ans à l'Onem...

Bon, ça m'a fait du bien d'écrire ça. Même si ça n'a pas fait passer ma douleur au bras gauche...

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Commentaires
K
Belle n'a rien à voir avec ta chute!!<br /> <br /> C'est la faute de ta grand mère!!!!<br /> <br /> Elle n'a développé chez toi que l'intellect..<br /> <br /> Alors, qu'à 4 ans, il est important de développer la psychomotricité.<br /> <br /> Voilà pourquoi tu éprouves autant de difficultés à bricoler!<br /> <br /> J'entends déjà ta réponse! :) :)
K
J'ai eu l'immense chance de rencontrer des institutrices "bienveillantes" Nous étions 29 par classe. Elles m'ont donné le goût d'apprendre, l'envie de découvrir. C'est plus tard, que j'ai commencé à détester cette école "formative".<br /> <br /> Mais, notre société recherche la "réussite", la performance...<br /> <br /> Alors, qu'il serait tellement plus "productif" de tenter de développer la curiosité chez les enfants.<br /> <br /> Et, de les respecter.<br /> <br /> Mais, les profs sont tenus de rendre des comptes..<br /> <br /> Cela ne doit pas être facile d'être instit'...
P
Allons, les perspectives d'emplois tertiaires sont lumineuses, du boulot pour les psys, y en aura, pour nous rappeler ce qu'on a loupé sur les bancs d'école.<br /> <br /> L'homo-salbièsse se prépare depuis longtemps. Où donc est passé l'homo-épicurius ?
M
Entièrement d'accord avec ce qui est dit là. On ne doit pas enseigner si on ne sait pas respecter les élèves. C'est pourquoi je pense qu'il faudrait enseigner sur le tard, quand on a appris la vie. J'ai été institutrice à 21 ans en sortant de l’École Normale d'Institutrices...<br /> <br /> Ajouter à cela la "Reproduction" dont parle Bourdieu dans les "Héritiers"... Une école qui reconnaît les siens, c'est-à-dire les enfants d'une classe sociale qui ont le même rapport au savoir que celui de l'école. Les savoirs ouvriers n'ont pas cours dans l'école. Ils sont réservés aux filières "techniques" presque toujours choisies par défaut.<br /> <br /> Il y a du boulot pour changer tout ça et la seule chose que produisent nos hommes politiques, c'est une modification de ce qu'ils appellent les rythmes scolaires, un raccourcissement de la journée d'enseignement. Comme si la question était là.
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