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Liège, hélas
14 mai 2013

Même une lettre d'amour

Il y a quelque temps, une dame dont je ne connaissais pas le nom et encore moins le corps, sauf que je devinais qu'elle avait deux bras, deux jambes et d'autres choses aussi, était venue me parler en me disant "mais tu ne sais pas la chance que tu as". Déjà ça, une personne que je ne connais pas et qui me tutoie, par principe, je ne supporte pas. Ça me ferait plutôt débander d'office. Or, cette dame dont je pouvais presque entendre les dentelles frissonner entre les cuisses ne me faisait nullement bander si tant est qu'elle ait jamais pu avoir une telle action sur un homme. À moins de tomber sur un mâle zoophile fétichiste des guenons. Ce qui n'est pas mon cas. Elle devait avoir la trentaine, une décénnie de moins que moi. Et puis-je savoir, Madame, en quoi j'ai de la chance ?

Mais, tu ne connais pas ta chance. Punaise, elle insistait sur le tu avec autant d'allégresse que le soldat romain enfonçant sereinement les clous dans le mains du christ. 

Mais, dit-elle, m'appelant par mon prénom alors que je ne connsaissais pas le sien, tu as la chance de connaître le plaisir d'écrire !

S'il y a bien une expression qui me fait bondir, c'est celle-là ! Le plaisir d'écrire !!! Je ne lui ai pas répondu. Je me suis levé. Mais, tu ne restes pas Joseph ? Non, madame. Je n'ai pas mis du majuscule.

La dame devait considérer l'écriture comme le macramé dont elle devait être une spécialiste. Comme si écrire était un plaisir !!! Comme si on écrivait comme l'on tricotait une écharpe, un point à l'envers, un autre à l'endroit et qu'on s'émerveillait de voir l'ouvrage grandir rang après rang.

Le plaisir d'écrire n'existe pas ! C'est une légende aussi profonde que le monstre du Loch Ness. L'écriture n'est jamais que douleur. Douleur d'abrod. Douleur encore. Douleur toujours. Douleur de chercher le mot juste, de ne pas trouver tout de suite la virgule adéquate. Douleur de savoir, au départ, que personne ne vous lira. Aucune littérature, même la plus mièvre, n'est possible sans souffrance. Sans souffrances même...

Même une lettre d'amour. On n'écrit pas un je t'aime en se grattant le nez. On l'écrit avec la douleur de croire que la destinatrice va se demander si vous ne vous foutez pas d'elle. C'est pour cela qu'on n'écrit jamais de lettres d'amour que très très lentement. Douloureusement. 

Alors, l'âge aidant, on n'en écrit plus. Ou alors une fois tous les dix ans. Mais toujours douloureusement...

Comme avant-hier...

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